Selon le New York Times, Google serait en train de tester Genesis, une nouvelle IA générative. La société l’aurait récemment présentée à plusieurs grands journaux américains : au New York Times mais aussi au Washington Post et au groupe News Corp, qui détient entre autres le Wall Street Journal.
Suite aux révélations du New York Times, Google s’est empressé de tweeter :
« En partenariat avec les éditeurs de presse, en particulier les plus petits, nous en sommes aux premières étapes de l’exploration d’idées visant à fournir éventuellement des outils activés par l’IA pour aider les journalistes dans leur travail. Par exemple, les outils activés par l’IA pourraient aider les journalistes à choisir des titres ou différents styles d’écriture. Notre objectif est de donner aux journalistes la possibilité d’utiliser ces technologies émergentes de manière à améliorer leur travail et leur productivité, tout comme nous rendons des outils d’assistance disponibles pour les utilisateurs de Gmail et de Google Docs. Ces outils ne sont tout simplement pas destinés à remplacer le rôle essentiel des journalistes dans la rédaction, la création et la vérification des faits de leurs articles ».
Google aurait sans doute préféré différer l’annonce de Genesis, le nom donné en interne à cette IA générative. Le moment n’est vraiment pas idéal : les scénaristes américains, en grève depuis le 2 mai dernier, ne voient pas du tout les IA génératives comme des aides à la rédaction mais comme des concurrentes.
De son côté, l’Authors Guild, la principale organisation professionnelle d’écrivains américaine, vient de soumettre une lettre ouverte aux leaders de l’IA, notamment ceux d’OpenAI, Meta, Stability AI, IBM et Microsoft. La lettre, qui a reçu plus de 9 000 signatures d’auteurs, attire l’attention sur « l’injustice inhérente à la construction de technologies d’IA génératives lucratives à l’aide d’œuvres protégées par le droit d’auteur et demande aux développeurs d’IA d’obtenir le consentement, de créditer et de rémunérer équitablement les auteurs ».
Un simple assistant ?
Google présente son IA générative comme un assistant permettant aux journalistes d’automatiser des tâches récurrentes et d’obtenir rapidement des informations factuelles et récentes sur un sujet. Genesis pourrait adapter le ton des articles au style du journaliste, est-ce qu’il sera possible de faire la différence entre leurs propres articles et ceux de l’IA ?
Tout comme les scénaristes de cinéma ou de télévision, depuis l’arrivée de ChatGPT, ils ont peur de se voir très prochainement remplacés par l’IA générative.
L’actualité semble leur donner raison. Ainsi, La semaine dernière, les employés de Bild, le journal le plus lu en Europe, ont reçu un mail leur annonçant qu’une partie d’entre eux, ceux « qui ont des tâches qui, dans le monde numérique, sont effectuées par l’IA et/ou des processus automatisés » allaient être licenciés.
Cependant, il est notoire que les IA génératives comportent des biais et hallucinent. CNET en a fait l’expérience : le média a publié plusieurs articles entièrement rédigés par une IA, d’ailleurs sans en informer ses lecteurs, avant de se rendre compte qu’ils contenaient de grossières erreurs. Pour l’instant ? une relecture s’avère indispensable.
L’IA générative pourrait toutefois être une source de revenus pour les journalistes : la semaine dernière, l’Associated Press et OpenAI ont annoncé un partenariat pour partager certains contenus et technologies d’information et examinent des cas d’utilisation potentiels de l’IA générative dans les produits et services d’actualité. OpenAI accordera une licence pour une partie des archives de texte de l’AP dans le cadre de cet accord.
