Sciences Po annonce le lancement de l’Institut Libre des Transformations Numériques

Sciences Po, université internationale de recherche en sciences humaines et sociales, a annoncé hier le lancement d’un nouvel institut interdisciplinaire. Conçu comme un pont entre les sciences humaines et sociales et les sciences exactes, l’Institut Libre des Transformations Numériques aspire à être un catalyseur de compréhension et d’action dans un monde de plus en plus numérisé. A l’occasion de ce lancement, Sciences Po organise ce soir la conférence “Démocratie.ai” qui sera diffusée en direct de 19h à 21 h et en replay sur sa chaîne YouTube. 

L’objectif principal de l’Institut Libre des Transformations Numériques est d’aider les décideurs et les citoyens à mieux appréhender et utiliser les technologies numériques, ce qui fait écho avec la mission de Sciences Po, “comprendre son temps pour agir sur le monde”, tout en promouvant une réflexion approfondie sur les politiques publiques nécessaires pour guider ces transformations.

Science Po a été en 2022 l’un des lauréats de la seconde vague de l’appel à projets “ExcellencES sous toutes ses formes” pour son projet TIERED (Transformer par l’interdisciplinarité la recherche et l’enseignement face aux défis des démocraties : “La transdisciplinarité pour produire de nouveaux savoirs “), qui avait été doté de 15,9 Ms€.

TIERED vise à installer durablement un dialogue interdisciplinaire entre les sciences humaines et sociales et les autres disciplines scientifiques et développer une politique nouvelle de diffusion et de valorisation des savoirs pour irriguer le débat et les politiques publics. C’est dans le cadre de ce projet que Sciences Po a créé l’Institut Libre des Transformations Numériques, en s’appuyant sur le CNRS, l’INRIA, l’INED, l’INSERM, l’IFREMER, l’INALCO, l’Université Paris Cité et l’IDDRI.

Cette mise en dialogue permettra l’analyse des transformations numériques sous différents prismes (historiques, économiques, juridiques, sociologiques et politiques), leur documentation et une meilleure compréhension de leurs mécanismes sous-jacents. Par ailleurs, opérant à l’intersection entre la recherche, la formation et la diffusion auprès de différents publics, y compris les décideurs publics, l’Institut a l’ambition de contribuer à l’élaboration de politiques publiques.

Dans cet objectif, il se concentre sur trois grandes priorités :

  • L’expérimentation : l’Institut souhaite fournir aux étudiants et aux chercheurs les outils nécessaires pour expérimenter les technologies numériques, comprendre leur fonctionnement, les mettre à l’épreuve, et donner aux sciences humaines et sociales les moyens de participer pleinement à la construction d’outils numériques originaux.
  • Une reconnaissance de la pluralité des contextes : l’Institut va analyser l’impact des technologies numériques sur la société, en tenant compte de la diversité des utilisateurs et des usages qu’elles suscitent, ainsi que de la variété des environnements institutionnels dans lesquels elles se déploient.
  • L’ouverture : l’Institut promeut l’ouverture à trois niveaux entre les disciplines traditionnelles des sciences humaines et sociales et les autres disciplines scientifiques ; vis-à-vis du grand public, y compris à travers les dispositifs de science ouverte et participatives ; et vers les secteurs non académiques (entreprises mais aussi arts, culture, etc.) qui offrent des perspectives alternatives aux usages des technologies numériques.

Portant des travaux transversaux au sein de Sciences Po, l’Institut intervient sur trois dimensions :

  • Renforcer la cohérence de l’offre pédagogique sur les thématiques du numérique pour donner aux étudiants les outils pour comprendre et accompagner les transformations numériques, et les doter des compétences requises dans un monde numérisé et en évolution permanente ;
  • Promouvoir une recherche interdisciplinaire visant à mieux saisir les technologies numériques innovantes dans leurs contextes social et institutionnel d’utilisation ;
  • Inclure des acteurs non académiques dans ses actions pour contribuer au débat public et à la diffusion des connaissances.

Pour concrétiser ces objectifs, plusieurs initiatives sont déjà en cours, notamment un appel pour un nouveau programme de professeurs invités sur le thème « IA et démocratie », une formation en sciences sociales computationnelles, et la création d’un “laboratoire d’autopsie des algorithmes” pour étudier l’impact des algorithmes sur la vie quotidienne. D’autre part, une action exploratoire avec l’Inria sur la haine en ligne et les biais culturels dans l’IA est en discussion pour septembre 2024.

L’Institut est placé sous la direction de Jean-Philippe Cointet, professeur au MédiaLab, le laboratoire pédagogique multimédia de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines. Carly Hafner en est secrétaire générale.

Jean-Philippe Cointet assure :

“En tant qu’université de recherche de rang mondial, Sciences Po porte l’ambition de proposer des réponses aux grands enjeux contemporains, notamment les transformations numériques. En adoptant une démarche pluridisciplinaire, de dialogue avec les autres sciences et d’ouverture à tous les publics, l’Institut pour les transformations numériques permet aux sciences humaines et sociales de s’emparer pleinement du sujet. L’un de nos défis principaux sera de faire entendre la singularité de cette voix dans un espace déjà très saturé et où dominent souvent des discours techno-déterministes sur le numérique. Ses actions contribueront à installer Sciences Po sur la carte des grandes universités internationales où se pense, s’expérimente et s’imagine l’articulation entre numérique et société”. 

La conférence Démocratie.ai

La conférence réunira des chercheurs de Sciences Po : Jean-Philippe Cointet (Médialab), Beatriz Botero Arcila (Ecole de Droit), Jen Schradie (CRIS), Kevin Arceneaux (CEVIPOF), Kalli Giannelos (CEVIPOF), mais également :

● Les universitaires américains Ethan Zuckerman, professeur associé, University of Massachusetts Amherst, et Pablo J. Boczkowski, professeur, Northwestern University et membre de l’Institute for Advanced Study à Princeton (2023-2024),

● Un représentant d’un grand organisme de recherche publique français partenaire du projet : Benoît Rottembourg, responsable Regalia, Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria),

● Des représentants des médias et de la communication : Grégoire Lemarchand, rédacteur en chef investigation et numérique à l’AFP, et Benoît Loutrel, membre du Collège de l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM)

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