Après avoir bloqué les exportations des puces H20 et MI308 vers la Chine en avril dernier, Donald Trump a annoncé la semaine dernière que Nvidia et AMD avaient accepté de reverser au gouvernement américain 15 % des revenus générés par leurs ventes afin d'obtenir les licences nécessaires. Un accord de partage de revenus inédit perçu par certains experts comme une taxe déguisée, aux implications juridiques incertaines, et potentiellement lourdes de conséquences pour d’autres secteurs technologiques.
Après les restrictions mises en place en 2023 par le gouvernement Biden pour contrer les avancées de la Chine dans le domaine de l'IA, les H20 de Nvidia et les MI308 étaient les puces américaines les plus puissantes à pouvoir y être légalement exportées. Toutes deux présentent des performances limitées par rapport aux puces H200 et Blackwell B200 de Nvidia ou aux AMD Instinct Série MI350 et servent principalement à l'inférence des modèles d'IA, c’est-à-dire l’exécution de modèles déjà entraînés.
Le marché chinois est stratégique pour les deux entreprises et selon le New York Times, cet accord pourrait rapporter plus de 2 milliards de dollars au gouvernement américain d’ici la fin de l’année. Cependant, plusieurs experts ne le considèrent pas comme un engagement volontaire, mais comme une taxe à l’exportation, une pratique explicitement interdite par la Constitution américaine (article 1, section 8). Alors que certains s’inquiètent pour la sécurité nationale, d’autres redoutent une dérive vers un capitalisme d’État, voire une étatisation du commerce technologique.
Perspectives pour le marché chinois
Dans un contexte de menaces de taxes douanières exorbitantes de Trump, les représentants de la Chine et des USA se sont rencontrés à plusieurs reprises pour désamorcer l'escalade des tensions commerciales entre les deux pays. Des concessions mutuelles concernant la conception de puces sont envisagées : certaines contre-mesures américaines, comme l’interdiction à l'exportation des logiciels EDA devraient être ainsi supprimées en échange de la levée par la Chine de certaines restrictions sur les terres rares.
Cependant, la Chine, qui a récemment durci sa politique sur les équipements informatiques étrangers utilisés dans les entreprises publiques, les infrastructures critiques et les projets de recherche stratégiques, invite les entreprises nationales à privilégier les puces locales plutôt que celles Nvidia et d'AMD.