« Refik Anadol : Unsupervised », quand l’IA s’invite au Musée d’Art Moderne de New York

Depuis le 19 novembre dernier, les visiteurs du Museum of Modern Art (MoMA) de New York peuvent découvrir l’exposition de Refik Anadol, « Unsupervised ». En pénétrant dans le hall Grund, à l’entrée du musée, ils se trouvent face à un mur multimédia de 24 pieds sur 24 où sont présentées trois nouvelles œuvres numériques du Refik Anadol Studio qui utilisent l’IA pour interpréter et transformer plus de 200 ans d’art de la collection du MoMA.

Refik Anadol, né en 1985 à Istanbul, résidant actuellement en Californie, à Los Angeles, est un artiste médiatique, réalisateur et pionnier de l’esthétique de l’intelligence artificielle. Il est également chargé de cours au département des arts médiatiques de design de l’UCLA, où il a obtenu sa deuxième maîtrise en beaux-arts.

Son œuvre, au carrefour de l’art, de la science et de la technologie, aborde les défis et les possibilités que l’informatique omniprésente a imposés à l’humanité, et ce que signifie être un humain à l’ère de l’IA. Les performances audiovisuelles proposées par Refik Anatol ont été présentées dans des monuments, des musées et des festivals prestigieux du monde entier et ont reçu divers prix et récompenses.

Le Refik Anadol Studio comprend des designers, des architectes, des scientifiques des données et des chercheurs de divers horizons professionnels et personnels, embrassant les principes d’inclusion et d’équité à chaque étape de la production. Ils collectent des données à partir d’archives numériques et de ressources accessibles au public, et traitent ces ensembles de données avec des modèles de classification d’apprentissage automatique.

Le projet « Unsupervised – Machine Hallucinations – MoMA »

Unsupervised fait partie de Machine Hallucinations, le projet débuté en 2016 et encore en cours du Refik Anadol Studio explorant l’esthétique des données basée sur des souvenirs visuels collectifs, utilisant l’IA en tant que collaborateur de la conscience humaine, en particulier les algorithmes DCGAN, PGAN et StyleGAN formés sur de vastes ensembles de données pour déployer des couches non reconnues de nos réalités externes.

Pendant six mois, le logiciel créé par l’équipe du studio, avec l’aide des ingénieurs de Nvidia Research, a été alimenté par 380 000 images à très haute résolution prises à partir de 138 151 œuvres de la collection du MoMA, notamment de Pablo Picasso, Salvador Dali, Gertrudes Altschul mais aussi du jeu vidéo Pac-Man de Toru Iwatani. L’équipe a, entre autres, utilisé StyleGAN2 ADA de NVIDIA pour entraîner son modèle pendant trois semaines à l’aide d’une Nvidia DGX Station A100. Elle a ensuite exploré un espace latent avec son logiciel Latent Space Browser, qu’elle développe depuis 2017.

En novembre 2021, Unsupervised a été publié sur la plateforme de nouveaux médias Feral File. Certains des NFT de la collection se sont vendus pour des milliers de dollars, l’un a même atteint 200 000 dollars.

L’exposition au MoMA

Les images ont une résolution de 1024 x 1024 pixels, sont créées en temps réel et changent sans cesse en fonction de l’acoustique, des mouvements de lumière, de ceux du public capturés par une caméra installée au plafond du hall et des conditions météorologiques enregistrées par une station d’un bâtiment proche. Ces entrées entraînent des forces qui affectent différents leviers du logiciel, qui vont à leur tour affecter l’imagerie et le son en constante évolution.

Pour Michelle Kuo, conservatrice au MoMa, qui a coorganisé l’exposition :

« L’IA est souvent utilisée pour classer, traiter et générer des représentations réalistes du monde. En revanche, Unsupervised est visionnairen: il explore la fantaisie, l’hallucination et l’irrationalité, créant une compréhension alternative de la création artistique elle-même. »

Refik Anadol commente :

« Nous ne voyons rien de réel, c’est de l’imagination de l’IA. L’IA dans ce cas crée ce pigment qui ne sèche pas, un pigment qui est toujours en mouvement, toujours en changement, et qui évolue constamment et crée de nouveaux motifs ».

Cette exposition qui selon la conservatrice principale du MoMA, Paola Antonelli, « souligne son soutien aux artistes qui expérimentent les nouvelles technologies comme outils pour élargir leur vocabulaire, leur impact et leur capacité à aider la société à comprendre et à gérer le changement » se tiendra jusqu’au 5 mars prochain.

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