Le 12 septembre dernier, le Campus Cyber a accueilli le lancement du projet P16, un programme stratégique visant à renforcer la souveraineté technologique de la France et de l’Europe dans le domaine de l’IA et de la science des données. Ancré dans la Stratégie Nationale pour l’Intelligence Artificielle (SNIA) et soutenu par France 2030, P16 s’inscrit comme une initiative majeure pour le développement de technologies numériques open source, en réponse aux enjeux économiques et stratégiques mondiaux.
La première phase de la SNIA a permis la création et le développement d’un réseau d’instituts interdisciplinaires d’intelligence artificielle (3IA), l’appui financier à des chaires d’excellence en IA, le financement de programmes doctoraux et le renforcement des capacités de calcul de la recherche publique avec notamment le supercalculateur Jean Zay. La seconde phase, lancée en novembre 2021, vise entre autres à renforcer et accélérer la formation à l’IA ainsi que le potentiel R&D dans les marchés émergents tels que l’IA embarquée, l’edge computing, les technologies de confiance pour l’explicabilité et la fiabilité des algorithmes.
C’est dans le cadre de cette seconde phase que le gouvernement a confié à l’Inria, l’institut national de recherche en sciences et technologies du numérique, la mission de concevoir et de pérenniser un ensemble de communs numériques souverains pour l’IA, à l’échelle nationale et européenne. Le projet P16, inscrit comme la mesure N°16 de la Stratégie d’Accélération pour l’IA, est né de cette mission.
Une ambition de souveraineté numérique
P16, financé à hauteur de 8 millions d’euros sur cinq ans, vise à développer une suite de bibliothèques logicielles open source, interopérables, couvrant l’intégralité du cycle de la donnée, qui compte trois phases principales :
- L’interopérabilité des données : leur représentation, stockage et exploitation ;
- La préparation des données : nettoyage, mesure de la qualité, enrichissement ;
- Le développement de modèles d’apprentissage pour les applications d’IA.
L’Inria, fort de son expérience dans le développement de logiciels open source pour la gestion des données, s’appuie sur le succès de la bibliothèque open source en Python scikit-learn, un outil de référence dans l’apprentissage automatique depuis 2007, auquel il a contribué. Elle servira de base au projet P16 pour développer de nouveaux composants logiciels, tout en maintenant des standards élevés en termes de qualité et d’interopérabilité.
Une dynamique de collaboration public-privé
P16 se distingue par une structuration unique réunissant le monde académique et industriel. L’Inria supervisera la recherche exploratoire et la maturation des composants logiciels, en collaboration avec des partenaires académiques français et européens dans le cadre de l’Agence de Programmes du Numérique dont il a la responsabilité depuis janvier dernier. Parallèlement, la spin-off d’Inria, Probabl, entreprise à mission de souveraineté industrielle et numérique, prendra en charge l’industrialisation et la commercialisation des outils développés.
Les premières années du projet seront dédiées à la phase de recherche et de développement, afin d’identifier et de préparer les premiers composants logiciels pour qu’ils soient opérationnels dès la phase de production.
Un appel à manifestation d’intérêt (AMI), largement ouvert sur la communauté de recherche, sera bientôt publié pour sélectionner des propositions de méthodes, algorithmes et modules qui viendront enrichir l’offre du projet.
Bruno Sportisse, Président-directeur général d’Inria, soulignant l’importance de P16, conclut :
“Dans le cadre de la Stratégie nationale d’intelligence artificielle et avec le soutien de France 2030, le Projet P16 porte une ambition d’autonomie stratégique majeure pour la France et l’Europe, dans le domaine de l’IA et de la science des données. Il s’appuie notamment sur la réussite exceptionnelle de scikit-learn, qu’il doit amplifier. Avec la montée en puissance cohérente de Probabl, fondée sur le format innovant d’une entreprise à Mission de Souveraineté Industrielle et Numérique, nous faisons le pari de l’innovation ouverte et de la collaboration public-privé pour renforcer un écosystème dont l’impact doit être mondial”.