Le Capgemini Research Institute a récemment publié la troisième édition de son rapport annuel consacré à la GenAI, intitulé "Harnessing the value of AI: Unlocking scalable advantage". L’étude, menée auprès de 1 100 dirigeants d’entreprises mondiales, met en évidence une accélération nette de l’adoption, mais aussi les défis persistants en matière d’organisation et de gouvernance.
Une adoption multipliée par cinq en 2 ans
Selon le rapport, 30 % des organisations font aujourd’hui évoluer entièrement ou partiellement la GenAI, contre 6 % en 2023. Près de 93 % testent ou déploient à des degrés divers des cas d’usage, avec une forte avance dans les télécommunications, les biens de consommation, l’aérospatiale et la défense. Les principales fonctions concernées sont le service client, le marketing, la gestion des risques et l’informatique.
L’IA comme collègue ou superviseur
Cette accélération se traduit aussi par une intégration plus profonde dans les structures de travail. Près de 6 organisations sur 10 envisagent que l’IA devienne membre actif des équipes ou superviseur d’autres IA dans les 12 prochains mois, contre 44 % actuellement.
Des investissements en hausse, mais des surcoûts inattendus
Selon le rapport, 88 % des entreprises ont accru leurs investissements en GenAI au cours des douze derniers mois, avec une hausse moyenne de 9 %. Désormais, 12 % du budget informatique est consacré à la GenAI. La dynamique devrait se poursuivre : 61 % prévoient d’augmenter encore leurs budgets en 2026.
En parallèle, l’enthousiasme se heurte à des coûts imprévus, notamment liés à la consommation de services cloud. Plus de la moitié des organisations interrogées ont fait état de "factures surprises". Ce phénomène conduit certaines d’entre elles à explorer l’usage de modèles de langage plus petits, jugés plus rentables.
La montée des agents d’IA et l'émergence des systèmes multi-agents
Un autre enseignement du rapport concerne la montée en puissance des agents d’IA, appelés à gérer des processus métiers de bout en bout. Près de neuf dirigeants sur dix, issus de la R&D, du marketing ou de la vente, estiment que ces agents auront un rôle significatif dans leurs activités d’ici trois à cinq ans.
Les systèmes multi-agents apparaissent comme la prochaine étape, près de 45 % des entreprises les testant déjà. Une part importante (38 %) anticipe même l’émergence d’agents capables d’auto-apprentissage avec une supervision humaine minimale dans les prochaines années.
Une gouvernance solide, condition sine qua non de l'adoption de l'IA agentique
Malgré cette dynamique, la confiance dans les systèmes autonomes reste limitée :71 % des organisations disent ne pas être prêtes à confier une autonomie complète à des agents d’IA, , faute de gouvernance solide. Cette dernière progresse lentement : seuls 46 % des répondants indiquent avoir établi des politiques formelles, mais elles ne sont pas appliquées de manière systématique.
Vers une transformation organisationnelle
Deux tiers des entreprises reconnaissent la nécessité de restructurer leurs équipes pour améliorer la collaboration entre l’homme et l’IA. Au-delà des investissements techniques, le rapport suggère que l’adoption à grande échelle passera par un ajustement des modèles d’organisation et de gestion, associant données, sécurité, conformité et nouvelles formes de coopération homme-machine.
Franck Greverie, Chief Technology & Portfolio Officer, responsable des lignes de métiers mondiales et membre du Directoire du Groupe Capgemini, souligne :
« L’adoption de l’IA par les entreprises évolue plus rapidement que presque toutes les technologies que nous avons vues auparavant, les entreprises expérimentant l’IA dans toutes les fonctions. Mais une adoption rapide ne se traduit pas nécessairement par un déploiement à grande échelle avec un retour sur investissement tangible".
Il préconise :
"Pour réussir, les entreprises doivent mettre en place une base de données solide, dans un environnement de confiance, conforme, sécurisé et garantissant la confidentialité nécessaire. Ceci, associé à un nouveau modèle d’exploitation avec une chimie équilibrée entre l’homme et l’IA, peut garantir des résultats commerciaux gagnants."