L’Institut Charles Sadron (CNRS) et la société Alysophil officialisent la création d’ACTIVIAFLOW, un laboratoire commun destiné à développer des procédés chimiques plus vertueux. Soutenu par le Carnot MICA, ce partenariat vise à transformer la production de molécules grâce aux biocatalyseurs, aux matériaux innovants et à l’IA
La production chimique fait face à une équation complexe : maintenir des performances élevées, réduire son empreinte environnementale et contenir les coûts de production. Aujourd’hui encore, de nombreux procédés reposent sur des catalyseurs métalliques, performants mais toxiques et difficiles à éliminer.
La voie des biocatalyseurs, enzymes stabilisées et intégrées dans des hydrogels polymères, ouvre des perspectives de substitution, avec un impact réduit sur la santé et les écosystèmes. Cette alternative est notamment explorée à l’Institut Charles Sadron.
Une alliance stratégique entre recherche et industrie
Loïc Jierry, Professeur des Universités à l'Institut, explique :
"Le projet ACTIVIAFLOW est né d’une volonté commune de repenser la chimie, non pas comme une série de procédés figés, mais comme une discipline évolutive, inspirée du vivant et augmentée par l’intelligence artificielle. À l’Institut Charles Sadron, nous travaillons depuis des années sur des hydrogels supramoléculaires capables d’embarquer des enzymes pour les stabiliser, les rendre efficaces et durables. Ces matériaux innovants, une fois intégrés dans des dispositifs de production en flux continu, peuvent transformer en profondeur les manières de produire des molécules d’intérêt".
D'où l'intérêt de cette collaboration avec Alysophil afin de les amener plus rapidement sur le marché pour des secteurs où l’exigence de durabilité se fait pressante, qu’il s’agisse de la santé, de la cosmétique, de la chimie verte ou de la microélectronique. La PME alsacienne conçoit des micro-usines modulaires pilotées par l'IA, les Chempocket, qui ajustent en temps réel les conditions de production.
Deux axes de recherche structurent leur programme :
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La biotransformation en flux continu : l'utilisation des cartouches polymères intégrant des enzymes immobilisées, afin de réaliser des réactions chimiques plus douces, sans conditions extrêmes, tout en conservant une efficacité élevée ;
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La dépollution de l’eau : le développement des mousses polymères capables de capter et d’éliminer les métaux lourds, même en concentrations infimes, afin de limiter leur accumulation dans les écosystèmes.
Philippe Robin, président d’Alysophil,souligne : -
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"Notre ambition est de concevoir des micro-usines autonomes capables de produire à la demande, tout en minimisant déchets, risques et impact écologique".
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Un projet structuré par le Carnot MICA
Le Carnot MICA, acteur majeur de la valorisation de la recherche dans le domaine des matériaux, joue un rôle central dans cette initiative. Depuis 2016, il soutient les travaux exploratoires de l’Institut Charles Sadron sur les hydrogels enzymatiques et les matériaux de filtration. En structurant le partenariat et en finançant les phases amont de recherche, il a permis au projet de voir le jour.
Le partenariat bénéficie également du soutien de la délégation Alsace du CNRS, de CNRS Innovation, de la Fondation Jean-Marie Lehn et de Conectus, consolidant l’ancrage régional du laboratoire et ses perspectives de valorisation industrielle. Pour Christian Gauthier, Directeur du Carnot MICA :
"ACTIVIAFLOW n’est pas un simple projet de recherche : c’est un outil de réindustrialisation durable, un levier d’innovation pour la chimie française".