Le Sommet de l’Avenir 2024 s’est tenu les 22 et 23 septembre derniers au siège de l’ONU à New York. En marge de cet événement qui a réuni plus de 130 chefs d’État et de gouvernement pour discuter des défis mondiaux actuels et futurs, l’ONU et l’OCDE ont annoncé une nouvelle collaboration pour renforcer la gouvernance mondiale de l’IA. Cette initiative vise à répondre aux défis croissants posés par le développement rapide de l’IA et à maximiser ses opportunités tout en gérant les risques associés.
Créée en 1961, l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) a pour objectif de promouvoir la coopération économique entre ses pays membres, mais aussi de faire progresser le bien-être social au niveau mondial en dispensant aux gouvernements des conseils sur la mise en œuvre de politiques à l’appui d’une croissance résiliente, inclusive et durable.
Dès 2017, l’Organisation s’est intéressée aux usages d’une IA bénéficiant à toute la société, a adopté en 2019 les principes sur l’IA établissant les normes d’une IA responsable et digne de confiance qu’elle a révisés en mai dernier, prenant en compte l’émergence des IA génératives et à usage général et abordant plus directement les défis associés à l’IA : la protection de la vie privée, les droits de propriété intellectuelle, la sécurité et l’intégrité des informations. Aujourd’hui, 47 pays y adhèrent.
Pour aider les gouvernements et les parties prenantes à les comprendre et à les mettre en œuvre, elle a lancé, en février 2020, l’Observatoire des politiques publiques relatives à l’IA,(OECD.AI), fournissant aux gouvernements des données comparatives et des analyses des politiques adoptées à travers le monde, leur permettant ainsi d’anticiper les impacts de l’IA sur leurs sociétés. Servant de plateforme de dialogue et de partage de bonnes pratiques, il couvre divers aspects de l’IA, tels que la gouvernance, la sécurité, la confidentialité des données, et l’impact de l’IA sur le marché du travail et les compétences.
Depuis 2020, l’OCDE héberge le secrétariat du PMIA à Paris, une initiative franco-canadienne favorisant les échanges entre décideurs et experts en IA afin de combler l’écart entre la théorie et la pratique en matière de politiques relatives à l’IA.
De son côté, l’ONU travaille également activement pour s’assurer que l’IA soit utilisée de manière bénéfique pour toute l’humanité. Par le biais de l’UNESCO, elle a adopté le premier accord mondial sur l’éthique de l’IA en 2021, sa résolution sur les systèmes d’armes autonomes a été approuvée par 152 pays en décembre 2023. Plus récemment, son projet de résolution visant à promouvoir des systèmes d’IA sûrs, sécurisés et dignes de confiance pour répondre aux grands défis mondiaux, tels que la pauvreté, la sécurité alimentaire, la santé, l’éducation, l’énergie et le changement climatique, a été adopté sans vote lors d’une de ses assemblées générales en mai dernier.
Une collaboration renforcée pour la gouvernance mondiale de l’IA
Amandeep Singh Gill, Envoyé du Secrétaire général des Nations Unies pour les technologies, a souligné lors de l’annonce l’importance cruciale du renforcement de la collaboration entre les deux entités :
“Le développement rapide des technologies d’IA et l’ampleur de leur impact nécessitent une collaboration renforcée, et en temps réel, entre les divers écosystèmes de politiques publiques. Cette nouvelle initiative entre l’ONU et l’OCDE mettra à profit leurs capacités complémentaires pour aider les gouvernements à agir rapidement et efficacement en réponse aux enjeux liés à l’IA. L’objectif est d’établir des mécanismes de gouvernance mondiale, inclusifs et robustes, en coopération avec des parties prenantes clés, dont des centres universitaires de renom et des scientifiques du monde entier”.
La collaboration entre l’ONU et l’OCDE s’articulera autour d’évaluations régulières, fondées sur des données scientifiques des risques et des opportunités que présente l’IA. Les deux organisations mettront à profit leurs réseaux, plateformes d’échanges et travaux en cours respectifs en matière de politiques publiques et de gouvernance de l’IA pour soutenir leurs États membres et d’autres parties prenantes dans leurs efforts visant à promouvoir une approche inclusive à l’échelle mondiale.
Ulrik Vestergaard Knudsen, Secrétaire général adjoint de l’OCDE, explique :
“L’évaluation scientifique rigoureuse et fondée sur des données probantes doit être au cœur de la gouvernance mondiale de l’IA. Notre annonce marque une avancée notable dans cette direction : le partenariat alliera les capacités techniques et analytiques de l’OCDE au vaste rayonnement mondial des Nations Unies et à ses efforts complémentaires pour soutenir une coordination internationale de la gouvernance de l’IA”.
Concluant :
“L’Observatoire des politiques publiques relatives à l’IA de l’OCDE, les travaux d’envergure que nous menons pour faire progresser la mise en œuvre des Principes sur l’IA et le Partenariat mondial sur l’intelligence artificielle à l’OCDE offrent une base solide à cette collaboration. Nos efforts conjoints aideront les pays à tirer parti de toutes les possibilités offertes par l’IA tout en atténuant et en gérant plus efficacement les risques et les bouleversements qui lui sont associés, afin de favoriser une IA centrée sur l’humain, sûre, sécurisée et digne de confiance”.