Royaume-Uni : le gouvernement présente sa stratégie nationale pour les semi-conducteurs

La stratégie nationale britannique pour les semi-conducteurs, tant attendue par les acteurs du secteur, voit le jour : 200 millions de livres sterling (environ 230 millions d’euros) seront investis au cours des années 2023-25, et jusqu’à 1 milliard de livres sterling (1,15 milliard d’euros au cours de la prochaine décennie pour stimuler la croissance du secteur au Royaume-Uni, diminuer les risques de perturbation de l’approvisionnement et protéger la sécurité nationale.

La pénurie des semi-conducteurs a mis en lumière la dépendance des pays occidentaux vis à vis des fabricants asiatiques.

En effet, les principaux acteurs du secteur, qu’ils soient américains ou européens, se sont concentrés sur la R&D et la conception, des activités à plus forte valeur ajoutée et les activités de fonderie ont été externationalisées au profit de TaÏwan, de la Corée du Sud et de la Chine.

Pour retrouver leur souveraineté technologique, les Etats-Unis ont fait de l’implantation de nouvelles usines de semi-conducteurs dans le pays une priorité nationale. Le Chips and Science Act américain consacre 52,7 Md$ aux semi-conducteurs sous forme de subventions destinés à la R&D, à la construction d’usines ainsi qu’aux besoins en semi-conducteurs spécifiques dédiés à la défense nationale. D’autre part, les investissements dans ces nouvelles usines bénéficient d’un crédit d’impôt de 25% si la construction débute avant2027.

L’UE a elle aussi adopté son Chips Act : 43 milliards d’euros sont dédiés aux semi-conducteurs dont plus de 30 à la construction d’usines.

La stratégie britannique

L’instabilité politique a retardé la mise en place du plan de soutien au semi-conducteurs que les acteurs du secteur réclamaient : le manque de subventions et d’aides fiscales les rendaient moins compétitifs et moins rentables pour leurs actionnaires, certains commençaient à se demander s’il n’était pas préférable de délocaliser vers les USA ou l’UE.

La stratégie britannique se différencie des approches adoptées par les Etats-Unis, l’UE et le Japon pour développer la fabrication de puces silicium à grande échelle, elle mise sur ses points forts : la R&D, la conception et la propriété intellectuelle (près de 95% des smartphones sont équipés de puces sous licence Arm, basé à Cambridge) et la fabrication de semi-conducteurs composés, un marché en pleine expansion.

Le Royaume-Uni possède une part significative du marché mondial des semi-conducteurs composés grâce à des entreprises telles que IQE, un fournisseur clé de plaquettes de semi-conducteurs composés et de solutions de matériaux avancés pour l’industrie des semi-conducteurs.

Il possède également une expertise dans la fabrication de semi-conducteurs composés : Sivers à Glasgow produit en grande quantité des puces en phosphure d’indium, ClasSiC à Lochgelly est spécialisé dans la production de puces en carbure de silicium et Lumentum, à Towcester, produit en grande quantité des puces en phosphure d’indium depuis plus de 10 ans.

Pour Chloe Smith, Secrétaire d’État au ministère de la Science, de l’Innovation et de la Technologie « S’appuyer sur nos atouts nous aidera à réaliser nos ambitions ailleurs : ouvrir la voie à l’intelligence artificielle, permettre des avancées dans l’informatique quantique et les télécommunications, alimenter le calcul haute performance et faciliter les progrès vers le net zéro et dans les sciences de la vie ». 

Si ce plan permettra de stimuler l’industrie nationale des puces, il vise également à atténuer les perturbations de la chaîne d’approvisionnement et à protéger la sécurité nationale de la Grande-Bretagne, tout en favorisant sa croissance et la création d’emplois.

Pour éviter les perturbations causées par d’éventuelles pénuries d’approvisionnement, de nouvelles directives seront publiées informant les entreprises des risques de chocs d’approvisionnement, des partenariats internationaux seront mis en place pour améliorer la résilience de la chaîne d’approvisionnement mondiale en puces, d’ailleurs, lors du sommet du G7, le 1er ministre britannique, Rishi Sunak, a signé un accord de partenariat avec le Japon dans ce sens.

Un groupe consultatif sur les semi-conducteurs, réunissant des personnalités de l’industrie, du gouvernement et du milieu universitaire a été formé pour assurer la cohérence de l’industrie.

Parmi les autres mesures prises se trouvent notamment le lancement de la « UK Semiconductor Infrastructure Initiative » pour soutenir la R&D commerciale et la croissance des petites et moyennes entreprises grâce au développement d’infrastructures habilitantes et la mise en place d’incubateurs pour soutenir les nouvelles start-ups de semi-conducteurs  et encourager un écosystème commercial plus dynamique.

De nouveaux plans devraient être annoncés d’ici l’automne.

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