L’Afrique connait actuellement une véritable révolution numérique. Les Smartphones et plus généralement les mobiles en sont les premières causes. La croissance des Smartphones a été exponentielle ces dernières années. En effet,le taux d’équipement tournerait aujourd’hui autour des 100%. D’ici 2020 ce chiffre devrait doubler, estime Karim Koundi, un associé de la société Deloitte Afrique. Cette effervescence est due à une meilleure accessibilité pour la population africaine,c’est-à-dire une couverture réseau largement améliorée et étendue, mais aussi à la baisse significative des prix. Ces derniers ont connu une baisse de 50% en moins de 2 ans, car ces appareils ont été conçus spécialement pour répondre au marché africain.
Sur un continent où l’âge médian ne dépasse pas les 20 ans, et à l’instar de l’Europe, les applications telles que Skype, Facebook Messenger ou encore WhatsApp sont privilégiées aux appels des opérateurs locaux en termes de communication.
Les conséquences de l’avènement mobile en Afrique ont pris des proportions économiques bien plus importantes. Le continent entier vit une véritable révolution numérique. L’ingéniosité et la créativité des talents africains ont pu s’exprimer à travers des applications toutes plus novatrices les unes que les autres. L’engouement de la population pour le numérique fait que le continent est aujourd’hui en passe de devenir un vivier de talents sans précédent. C’est pourquoi Google et Facebook lancent un Master en Intelligence artificielle (IA) en Afrique.
Avec la participation de Google et de Facebook, l’Institut africain des Sciences mathématiques propose un master d’une année. Il débutera en septembre sur le campus de l’AIMS à Kigali (Rwanda). Ce pays est l’un des plus dynamiques d’Afrique en termes de transformation numérique. Les cours seront dispensés par des experts du domaine issus notamment d’institutions africaines et mondiales. Selon le Dr Moustapha Cissé, Directeur du centre d’intelligence artificielle de Google en Afrique, fondateur de ce Master et professeur en IA, l’objectif de ce Master est de former une génération de jeunes scientifiques africains qui apporteraient une nouvelle perspective à la recherche en intelligence artificielle et contribueraient à la faire progresser au bénéfice du continent. La création d’un groupe particulièrement efficace de praticiens de l’IA en Afrique, mondialement connectée, réduira le fossé technologique, renforcera les économies africaines et permettra une meilleure gouvernance, c’est ce que pensent les organisateurs. Les dépenses liées à l’IA coûteraient à l’Afrique, 114 millions de dollars américains jusqu’en 2020. L’IA mettrait en oeuvre un certain nombre de techniques qui permettraient aux automates de reproduire une réelle forme d’intelligence.
Actuellement les start-ups africaines sont pour la plupart orientées vers la création d’applications mobiles. Ces applis ont bien souvent pour but d’améliorer le quotidien des Africains en exploitant les intelligences artificielles. Ce qui est frappant c’est aussi la diversification de ces applications qui peuvent répondre aux besoins de personnes venant de milieux sociaux totalement différents. De nombreux exemples illustrent parfaitement cette diversité. Un docteur éthiopien peut désormais profiter de ses pauses déjeuner à l’hôpital pour perfectionner sa maitrise du français grâce à LangBot, un robot conversationnel qui donne des cours de langues sur Facebook Messenger. Un agriculteur quinquagénaire tunisien, pionnier de la production d’huile d’olive bio tunisienne utilise Phyt’eau. Il s’agit d’un système d’irrigation intelligent qui optimise la qualité de l’huile produite par ses arbres tout en économisant de l’eau. Une élève kényane vivant dans les bidonvilles de Kayole utilise M-Shule après sa journée d’école. Cette application sert de soutien scolaire par SMS et allie intelligence artificielle, neuroscience et psychologie cognitive. Certaines ont même pour but de servir la totalité de la population. C’est le cas de Fazivone qui propose un robot conversationnel conseillant les consommateurs sur leurs achats. Ces start-ups expriment par leurs créations un réel désir de diversifier le monde du numérique. Leurs objectifs ne sont pas de se calquer sur des intelligences artificielles déjà connues mondialement, mais d’innover en laissant les talents dont elles disposent exprimer leur créativité. Elles obtiennent d’ailleurs la reconnaissance qu’elles méritent en étant sélectionnées ou primées dans des compétitions d’innovation comme le Cisco Global Problem Solver Challenge ou encore l’IBM Watson AI Xprize par exemple. Ce boom des start-ups africaines n’aurait été possible sans ce nouveau service de stockage qu’est le «cloud». En effet, ce dernier permet aux entrepreneurs de lancer leurs projets très rapidement et pour quelques centaines d’euros. C’est une petite révolution, car auparavant, le système était beaucoup plus compliqué, et demandait l’achat de licences coûtant des milliers d’euros ainsi que des serveurs au coût très onéreux.
Conscients du potentiel créatif de ces start-ups africaines, les grandes entreprises mondiales du numérique et de la téléphonie comme Google, Appleou encore Orange se positionnent désormais comme des incubateurs ou n’hésitent pas à s’impliquer dans l’éducation en Afrique.
Ils permettent ainsi aux talents de pouvoir se développer en leur donnant tous les moyens nécessaires à l’aboutissement des projets qu’ils entreprennent. Mais l’investissement ne s’arrête pas là puisque Google et IBM ont récemment implanté de tout nouveaux centres de recherches en IA sur le sol africain. À Accra au Ghana (Google) puis à Nairobi et Johannesburg (IBM). Le vivier que représente l’Afrique est énorme, et les grands groupes n’ont pas raté l’occasion de s’y implanter par divers types d’investissements.
Toutefois le problème qui se pose désormais pour les gouvernements et la population africaine va être la question de la profitabilité de ces implantations. En effet, tout ce qui est et sera investi par ces sociétés ne serviront que les intérêts de ces dernières, c’est pourquoi on commence à parler de «cyber colonisation», force est de constater que pour l’instant cette transformation numérique est au profit de l’Afrique et devrait le rester.
Nicolas Goldstein est co-fondateur de www.Talenteum.africa, plateforme digitale qui investit dans le capital humain en Afrique et le fait intervenir à distance en Europe. Il est également impliqué au sein du Mauritius Startup Incubator, StartupGrind et le Startup Award Mauritius