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Quel est l’impact de l’IA dans les programmes de formation et dans la création de nouveaux métiers ?

Alors que l’on parle de plus en plus d’intégration de technologies d’Intelligence Artificielle (IA) dans nos métiers et notre vie quotidienne, nous avons décidé de recevoir Marc Decombas, ingénieur et docteur spécialisé dans la vision par ordinateur, entrepreneur (CEO de Kooping eJust AI) et directeur de l’Executive Master « IA pour les managers innovants » de l’Institut Mines Telecom Business School (IMT-BS), pour parler ensemble de l’impact de l’IA dans les programmes de formation et la création de nouveaux métiers.

Jean-Luc Marini, Directeur du Laboratoire d’Intelligence Artificielle du Cabinet de Conseil en Management, Axys Consultants, évoque avec lui, et pour nous, les nouveaux métiers véritablement créés par l’IA, ceux qui seront les plus recherchés en 2021, le manque d’offres de formation qui préparent à ces nouveaux métiers ainsi que les tendances de l’IA pour les 24 prochains mois. Nous reviendrons également avec lui sur les raisons de la création de l’Executive Master « IA pour les managers innovants » au sein de l’IMTBS, son contenu pédagogique, le recrutement des candidats, ainsi que son adéquation par rapport au besoin de formation en IA des managers déjà en poste.

Jean-Luc Marini : Marc avant de rentrer dans le vif du sujet et pour les auditeurs qui ne te connaissent pas encore, te serait-il possible de te présenter et de nous parler de tes différentes activités ?

Marc Combas : Je m’appelle Marc Decombas, j’ai trente-quatre ans, je suis normand je suis dans un petit village de trois cents habitants et en parallèle de ces petites choses je suis ingénieur et de docteur spécialisé dans la vision par ordinateur.

J’ai débuté ma carrière dans la deep tech, en vision d’abord dans le milieu académique puis dans le milieu start-up. Cela m’a permis d’avoir une expérience au Canada et en Belgique dans des laboratoires pour créer de nouvelles solutions innovantes à partir de besoins industriels.

Puis, j’ai été cofondateur il y a quatre ans d’une société qui s’appelle Watiz, un shazam des vêtements qui vous permet à partir d’une vidéo, de retrouver le vêtement qui vous plaît. Ensuite, j’ai quitté cette société pour “re-cofonder” deux sociétés une première qui s’appelle Kooping qui a pour objectif de réduire les risques sur les lieux de travail. Et en parallèle de ça, j’ai monté une société qui s’appelle JustAI qui fait de la formation et de la réinsertion professionnelle en formant des personnes au démarrage non technique à l’IA. L’idée c’est aussi d’aider des sociétés à faire leur POC et leur MVP pour créer des sociétés innovantes.

Je suis également acteur dans des associations humanitaires, je m’occupe de la mairie de mon village et j’essaie de manière générale de pouvoir aider dans des projets qui ont pour objectif d’aider les autres.

Globalement on peut retrouver l’ensemble de ces informations sur mon LinkedIn, c’est assez bien résumé, et on pourra retenir que globalement j’essaie de comprendre les besoins des autres, j’essaye de développer des projets à impact positif. Par mes compétences techniques je pousse des sujets avec de l’IA, du cloud et de l’IoT (Internet Of Things) pour créer de nouveaux processus scalables.

Jean-Luc Marini : tu es aussi, je crois depuis quelques mois, le directeur de l’executive master de l’institut Mines telecom Business Shool, est-ce que tu peux nous dire en quelques mots quelle est la vocation de l’executive master et pour quelle raison tu as accepté de prendre la direction de cette formation ?

Marc Combas : C’est une idée que nous avons en tête avec l’institut Mines Télécom depuis quasiment dix-huit mois. Nous sommes partis de plusieurs constats : l'IA est devenue un grand buzz word… Tout le monde souhaite mettre de l'IA un peu partout et à toutes les sauces sans vraiment savoir ce que c'est. Cliquez pour tweeter

Notre objectif avec l’executive master, c’est de créer une boîte à outils pour permettre de comprendre, évaluer, construire et piloter des projets avec de l’IA à l’intérieur. Nous souhaitons bien sûr faire une formation pour accompagner et réaliser des projets basés sur les besoins et le constat de nos étudiants.

Donc souvent quand on arrive à la trentaine, quarantaine, cinquantaine on constate qu’y a des problèmes dans nos métiers, qu’il y a des choses qui manquent et on se dit que finalement peut-être que l’IA pourrait le résoudre.

C’est l’objectif de cette executive master. Nous souhaitons aussi y intégrer les dimensions sociales et écologiques, car l’IA et est une source de solutions, mais peut-être aussi des fois, des sources de problèmes.

Nous aimerions vraiment montrer que l’IA est un outil qui permet d’améliorer les processus. Et la dernière chose que j’aimerais montrer, mettre en avant, c’est qu’aujourd’hui, on le sait tous par nos cœurs de profession, par nos activités, dans la dans la vie, on se retrouve assez souvent en silo : les ingénieurs restent entre ingénieurs, les docteur restent entre docteurs en IA… Le plus difficile aujourd’hui c’est de “dé-siloter” nos activités, de rencontrer d’autres personnes, d’autres secteurs.

Le but de cette formation c’est de permettre de rencontrer justement des avocats, des chercheurs en IA, en vision, dans les émotions, dans l’analyse des émotions, des entrepreneurs, des développeurs, des personnes dans le milieu de l’humanitaire qui ont des besoins spécifiques où l’IA pourrait être une solution, pour justement ouvrir le champ du possible et permettre à la personne qui le souhaite de pouvoir s’appuyer sur les compétences les compétences adéquates.

Pourquoi me-suis-je lancé dans ce sujet ?

Parce que j’ai eu la chance d’avoir des profs et des chefs qui m’ont aidé dans ma carrière et aujourd’hui j’ai un métier que j’aime, avec des applications que j’aime et j’aimerais aider les autres réciproquement à pouvoir évoluer là-dedans.

Le Covid et la récession sont en fait des bons moments des bons outils pour se dire je dois me réinventer, je peux changer ma vie et c’est le bon moment pour faire ça et comme l’IA est un domaine où y a énormément de besoins c’est le moment de matcher, on va dire une période difficile avec des besoins de l’autre côté.

Jean-Luc Marini : Malgré tout on a l’habitude de dire que l’IA crée autant de métiers qu’elle en détruit. Dans quelle proportion cela s’opère et quels sont les nouveaux métiers véritablement créés par l’IA ?

Marc Combas : Pour répondre à la question, j’essaie de séparer le monde en deux pour être rapide et concis, mais c’est évidemment un sujet qui nécessite de la finesse dans l’analyse. On peut séparer, on va dire d’un côté les personnes non qualifiées, des cadres sup.

Pour les personnes non qualifiées c’est vrai qu’on se dit l’IA va impacter ces métiers, mais en fait on peut plus le voir comme une évolution.

Par exemple aujourd’hui on commande de plus en plus en ligne, donc, certes on a moins de caissiers, par contre on doit avoir des préparateurs pour nos drive, on doit avoir des livreurs qui viennent à domicile, on a des points relais qu’il faut maintenir, on a de plus en plus besoin de SAV quand on commande…

On souhaite aussi également manger plus simple et plus bio, plus local. L’IA peut aider à améliorer ça ! Pour éviter de produire trop, pour permettre de produire mieux et faire moins de pertes. Mais ça nécessite quand même plus de personnes dans des champs, dans les circuits de distribution courts, dans les points de vente, dans la création de produits à valeur ajoutée locale, et donc ça fait deux cas où on va dire l’IA va faire évoluer et dans l’autre dans d’autres scénarios on peut se dire que l’IA nécessite aussi des métiers non qualifiés. Donc aujourd’hui par exemple on doit avoir des gens qui doivent collecter des bases de données, les annoter, les organiser.

Si on prend maintenant le cas des cadres, la demande est très forte en effet sur les profils techniques on cherche aujourd’hui des data scientists, des data ingénieurs, de la dataviz. Mais c’est une vision de la technologie et l’État aujourd’hui cherche à recenser ces structures. Si on va sur les profils non-techniques, on se retrouve avec un besoin en chefs de projets pour définir des nouveaux use cases, on se retrouve à avoir des personnes qui sont capables de créer des modèles économiques avec de l’IA. Mais l’IA est tout de même quelque chose qui coûte cher en production, il faut donc trouver le bon trade-off, avec un besoin en profils financiers.

L’IA manipule beaucoup de données donc qui dit données dit enjeux légaux derrière, donc des profils qui viennent du milieu du droit. L’IA c’est un grand mot qui veut tout et rien dire, donc pour pouvoir redonner de la valeur à ce mot il faut avoir des gens du marketing.

On est en pénurie dont on a besoin de RH pour aider à l’accompagnement formation et définir les nouveaux besoins et comme on est aussi dans un milieu en pénurie on cherche de nouveaux coachs, des enseignants, des formateurs pour former à l’IA, les profils techniques et les profils mon techniques.

Jean-Luc Marini : Dernièrement je suis tombé sur une étude faite par LinkedIn avec un classement. Il semblerait que le métier d’ingénieur en intelligence artificielle soit le deuxième métier le plus recherché en France en 2020. Est-ce que c’est une bonne illustration de ces nouveaux métiers que tu évoques ?

Marc Combas : Oui tout à fait tout à fait ! Il y a un besoin qui est énorme, on est vraiment dans un secteur en pénurie, qui devient quasi spéculatif du fait qu’il n’y a pas de profil sur le marché. Donc quand on entend aussi ingénieur en IA, c’est pour moi, l’illustration que j’en donne, comme le fait de manquer actuellement de personnel médical.

Mais quand vous allez voir votre podologue, ce n’est pas votre cardiologue et ce n’est ni une infirmière. Quand on parle d’IA on a le même niveau de granularité. Donc ce qu’il faut bien comprendre c’est que l’IA c’est un grand mot qui représente derrière plein de métiers différents et pour vous donner quelques illustrations, l’IA c’est autant la voiture autonome avec des systèmes de vision par ordinateur, que la compréhension du texte pour lire des documents de manière automatique, ou du big data pour le marketing, la finance, la RH.

Donc on va retrouver autant de nouveaux métiers, que d’applications et ces créations de postes vont continuer avec l’émergence de nouveaux use cases.

Jean-Luc Marini : On parle effectivement de nouveaux métiers mais certains d’entre eux ne sont-ils pas en fait, des métiers qui ont tout simplement évolué, muté ?

Marc Combas : Dans beaucoup de métiers, le mot IA est sexy et à la mode. On aime bien dire que l’on fait de l’IA ou « je travaille dans l’IA ». Mais ça, ça ne représente pas réellement grand-chose. L’IA existe depuis les années cinquante et il y a déjà eu des évolutions. Aujourd’hui on pourrait imaginer que notre secrétaire de demain, sera responsable des données et donc elle devra les collecter, les annoter, les organiser et c’est la brique élémentaire qui permet à des ingénieurs de faire de l’IA.

Et un ingénieur qui fait l’IA était avant quelqu’un qui faisait du machine learning, des statistiques, de la vision par ordinateur, de l’analyse des émotions, du son, de la parole.

Ce qu'il faut se dire c'est que l'IA va permettre aux individus d'utiliser ce qui les rend unique et les libérer de certaines tâches qui sont répétitives. Cliquez pour tweeter

Cela permettra donc se reconcentrer sur les relations humaines et permettra aussi de remettre l’humain là où il est indispensable. On peut prendre le cas du médical, où on passerait plus de temps à aider les autres d’un point de vue humain et sur l’émotionnel, qu’à faire les documents associés pour avoir un droit remboursement.

Jean-Luc Marini : Si je te demandais de me lister les cinq nouveaux métiers créés par l’IA que les entreprises vont s’arracher en 202, que me répondrais-tu ?

Marc Combas : C’est une bonne très bonne question ! Il y en a beaucoup ! il y a beaucoup de métiers qui s’arrachent et je dirais, pour les personnes qui sont sans formation technique et non cadre, que nous avons des besoins aujourd’hui forts en collecteurs et en adaptateurs de données. Un collecteur de données, c’est quelqu’un qui va vous récupérer des photos par exemple, parce que vous voulez savoir si les poubelles sont pleines ou si les poubelles sont vides. Il faut des milliers de photos de poubelles pleines et de poubelles vides et donc concrètement, cela revient à prendre des photos, puis à définir que la poubelle est pleine ou vide. Vous n’avez pas besoin d’un doctorat pour faire ça, c’est la portée tout le monde, mais c’est un vrai problème aujourd’hui dans nos métiers.

Le deuxième toujours dans les profils non techniques, ce sont les chefs de projet en IA. En effet, aujourd’hui, il faut être capable d’imaginer ce que peut faire l’IA, comment développer ce produit, combien de temps cela va prendre, combien de temps cela va prendre et coûter ou quels sont les performances que l’on peut atteindre. Et ça c’est le travail du chef de projet ! c’est une coordination de différents corps. C’est un métier qui est très important et dont nous avons besoin.

On a des métiers techniques, comme les data scientists ou les data ingénieurs, qui sont là pour transformer la donnée avec une IA qui va permettre d’analyser automatiquement et de reproduire ce qu’on lui a appris.

On a besoin d’ingénieurs pour faire du déploiement en production, parce que les IA aujourd’hui, si elles tournent sur votre PC en local, elles ne servent à rien. Il faut les mettre dans des environnements physiques comme le cloud ou l’IoT. Le dernier enjeu actuellement et qui est important avec la RGPD, ce sont des juristes et des avocats bien sensibilisés aux problématiques de l’IA et qui savent accompagner d’un point de vue juridique, les nouveaux processus et les nouveaux documents que l’on va créer.

Jean-Luc Marini : En matière d’IA on a tendance à dire que l’air du temps est plutôt à la mise en œuvre des principes fondamentaux de l’IA qui ne devraient pas ou peu bouger dans les douze à vingt-quatre mois. Est-ce également ta vision des choses ?

Marc Combas : Oui et non… En fait si on reste sur les enjeux du fondamentaux, aujourd’hui, il est vrai de dire que les IA ont permis d’atteindre d’énormes performances de précision, mais il y a de nouveaux challenges qui sont apparus. Par exemple, aujourd’hui on a énormément de besoin de données et on manque de données. Donc cela nécessite de la collecte, de l’annotation ce qui ralentit la création de nouveaux services.

Si nous pouvions créer des IA qui nécessitent moins de données on pourrait aller plus vite dans la création de nouveaux produits. Les IA demandent énormément de puissance de calcul et cela a des impacts sur les coûts, mais ce sont aussi des impacts énergétiques ! Il y a tout un enjeu, tout un domaine qui a émergé, celui de faire des réseaux de neurones pour utiliser le bon mot, des réseaux de neurones qui sont beaucoup moins énergivores qui peuvent tourner en local dans votre téléphone, ce qui implique aussi des enjeux de “privacité” qui sont aujourd’hui au sein des sujets importants. Et puis les IA, si on reste sur les sujets de deep tech, ce sont des solutions qui peuvent être facilement hackées. En fait aujourd’hui, en modifiant de façon non perceptible une image, vous pouvez complètement berner une IA et lui faire croire que dans le panneau stop, il est écrit que c’est un panneau 130… donc évidemment pour une voiture autonome c’est problématique.

Et réciproquement on le voit passer maintenant dans les médias, il existe des IA qui vous permettent de prendre le visage de Trump ou de Poutine ou de qui vous souhaitez et de réanimer ce visage, autant sur la partie sonore que sur la partie émotion.

Mais il est vrai qu’aujourd’hui, ces enjeux sont des enjeux de haute technologie et que le besoin est d’apporter ces technologies déjà existantes, dans des nouveaux produits. C’est là où on peut dire que les deux choses sont importantes en parallèle.

Jean-Luc Marini : Quand on parle de nouveaux métiers, on évoque forcément la question de la formation à ces nouveaux métiers. Est-ce qu’il existe aujourd’hui de véritables offres de formation qui préparent à ces nouveaux métiers et sont-elles accessibles à des salariés en poste sur des métiers plus traditionnels ?

Marc Combas : C’est un vrai problème… Comme on a déjà des difficultés à définir ce qu’est l’IA, on a du mal à définir des métiers qui y sont associés et donc aujourd’hui, on a encore plus de mal à trouver des formations qui sont associées à nos besoins. Je pourrais te répondre de manière simple. On trouve très peu de formations adéquates et je m’en suis rendu compte en accompagnant de manière bénévole, certaines personnes dans des exécutives MBA. Je me rendais compte qu’ils voulaient mettre de l’IA, mais qu’ils voyaient ça comme une montagne à franchir, alors que parfois, il suffisait de quelques heures de travail pour répondre à la problématique et qu’ils étaient prêts à engager des dizaines de milliers d’euros pour résoudre ce problème-là. On voit bien que derrière, il y avait une incompréhension. Et cette incompréhension est due au fait qu’on manque de formation.

Ce que nous, nous souhaitons, c'est permettre de former ces cadres supérieurs, non techniques, à l'IA, c’est ce que nous avons réalisé avec notre executive master, créé avec l'IMT-BS. Cliquez pour tweeter

Il existe aujourd’hui, beaucoup de formations en open source qui sont qualitatifs, mais le problème est de savoir naviguer dans tout ça… Si vous tapez « formation IA » sur internet, vous allez trouver tout et n’importe quoi ! Comme si demain vous vouliez devenir aide-soignant ou médecin et que vous trouviez de nombreuses formations adéquates, mais dans vos cœurs de métier.

Donc c’est aujourd’hui un problème de définition, de ce que l’on veut apprendre et trouver, c’est là où le l’exective master que nous avons développé avec l’IMT-BS, peut accompagner et aider à résoudre ces problèmes-là.

Jean-Luc Marini : On parle souvent de gros enjeux, naturellement liés à l’intégration de technologies d’IA dans nos métiers et notre vie quotidienne, mais à t’entendre, est-ce que le véritable enjeu n’est-il pas en termes d’acculturation, donc en termes d’intégration ?

Marc Combas : Tout à fait ! Quand moi je parle d’IA, la plupart des gens pensent que j’ai fabriqué un Terminator dans ma chambre et que l’on va raser la moitié de la planète avec ça… alors que j’essaie de faire comprendre aux gens que l’IA, c’est comme si vous aviez un marteau ou une pelle.

Le jour où on pensera IA = marteau en France, on aura fait un grand gap culturel ! Certes, ce sont des marteaux très puissants qui permettent de faire beaucoup de choses, mais il faut vraiment ce “greenwash”.

Il y a trop de techwashing qui fait qu'on a la sensation qu'avec l'IA on va résoudre tous les problèmes, qu'il suffit d'investir là-dedans et ça marchera... Cliquez pour tweeter

Ce qui est vrai et ce qui n’est pas vrai… Il faut revenir aux fondamentaux, est-ce qu’on en a besoin ou est-ce qu’on n’en a pas besoin ? Donc il faut déjà s’acculturer, comprendre le vocabulaire, maîtriser ses connaissances, estimer les budgets qui y sont associés et qui nous permettront, demain, de piloter des projets avec de l’IA et sans cette culture en effet, on ne pourra pas y arriver. Après, il y a des choses qui sont faisables et des choses qui sont infaisables et ça fait partie aussi de l’apprentissage de pouvoir voir un projet, se dire est-ce que je suis en train de partir sur la volonté de construire une voiture volante ou est-ce que je suis sur ma Renault 5 d’il y a cinquante ans qui roule très bien et qui répond tout à fait à mes besoins ? Et ça, aujourd’hui, quand on parle d’IA, c’est difficile pour des personnes non techniques qui ne sont pas dans ce secteur-là, de pouvoir y répondre.

Après sur les sujets d’intégration de l’IA dans la société, on retrouve des enjeux technologiques. Aujourd’hui l’IA est quand même un domaine très open source, donc on peut facilement prendre des briques plug and play et les mettre dans notre service. Le problème, c’est que ce n’est pas tout de prendre la brique IA et de la mettre dans le service, il faut en créer un produit et donc, on se retrouve avec les problématiques de cloud, d’IoT, d’intégration et ça aujourd’hui, on manque aussi de formation et de connaissance de définition claire de ces métiers-là, donc de formations associées. Et puis qui dit IA dit évolution des processus, évolution de la société et que si l’on ne veut pas faire face à un mur, il faut être capable de piloter humainement et d’accompagner les entreprises à évoluer avec de l’IA.

Jean-Luc Marini : En quoi l’executive master de l’IMT-BS peut apporter une réponse aux besoins de formation des managers qui sont déjà en poste ? Qui souhaite comprendre, comment ces technologies fonctionnent ou peuvent venir impacter le job des équipes qui le manage ?

Marc Combas : Le but de cette formation, c’est de faire un overview 360° sur sur l’IA. On débute avec le vocabulaire, pour justement ne plus utiliser le mot IA et dire « j’utilise des réseaux de neurones de vision, de langage », dans les réseaux de neurones de vision, je peux être capable de dire « je veux un x ou y en fonction des usages ».

On doit aussi être capable de prendre conscience qu’il y a des enjeux sur les données. Il y a des enjeux juridiques et finalement, notre formation a pour but de permettre de faire la gestion d’un projet innovant qui va intégrer l’IA.

Dans notre programme, 15% va vraiment sur de l’IA. Sur de la deep tech, on va apprendre à parler on va découvrir un peu les frameworks, le langage, le cloud, etc. L’objectif de cette formation, c’est d’accompagner l’étudiant à piloter un projet innovant. Donc si demain vous me dites « les systèmes de vidéo streaming ne fonctionnent pas très bien », je suis d’accord avec vous, comment l’IA peut piloter ça ? Là, nous arrivons sur une problématique qui est réelle, qui est concrète et nous allons essayer de trouver en quoi cette problématique est importante. Est-ce qu’il y a un vrai marché et si la réponse est oui, en quoi l’IA peut venir résoudre ce problème. Par exemple, en réduisant la quantité de données à transmettre de manière intelligente et automatique, afin d’éviter les bruits blancs etc. Donc vraiment, le but est de faire de la pratique, de la pratique, de la pratique avec une vision business associée, mais en comprenant ce qu’on fait.

Jean-Luc Marini : Quand est-ce que ce nouveau programme de formation sera opérationnel ?

Marc Combas : Nous visons un début pour novembre 2020. Il faut comprendre que le programme a pour objectif d’être compatible avec une vie professionnelle. On ne cherche pas à prendre les gens en dehors, de les obliger à s’arrêter. Notre programme est 100% en ligne et est basé sur du coaching qui va être adapté aux horaires de votre vie professionnelle, autour du déjeuner. Nous aurons des systèmes de mentoring qui vont vous permettre d’accompagner les personnes et de répondre à leurs questions.

Jean-Luc Marini : Comment va s’effectuer le recrutement des candidats ?

Marc Combas : C’est plutôt simple en fait, il suffit de contacter l’institut Mines Télécom Business Shool et de leur demander à intégrer le programme.

À cela, il y a un questionnaire que j’ai construit et qui me permet de mieux comprendre les motivations et aussi d’où la personne vient, parce que l’idée d’un bon programme de formation, c’est de faire quelque chose qui est adapté aux étudiants. Il est indispensable de faire ça et de ne pas divulguer du savoir de manière générale. Une fois que la personne a répondu à ce questionnaire, il y a une phase de discussion qui me permet de mieux comprendre la personne, mais aussi de vérifier un certain nombre de fondamentaux.

Et ce qui est très important, comme je l’ai souligné au début de notre échange, c’est que je souhaite faire en sorte que les projets qui vont émerger, soient des projets éthiques et sociétaux. Si demain, vous voulez faire une agriculture biologique, locale, rurale et automatisée en créant de l’emploi, ce sujet m’intéresse beaucoup plus !

Interview audio retranscrite par le SRAP (Système de Reconnaissance Automatique de la Parole) Axys Consultants, 1ère brique de la solution d’analyse automatique destinée aux Centre de Relation Client, le « Smart Customer Care Insight », présenté par Jean-Luc Marini (Directeur du Laboratoire d’Intelligence Artificielle d’Axys Consultants) et Maxence Azzouz-Thuderoz (Data Scientist Axys Consultants) au salon Ai Paris le 14 septembre 2020.


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Contributeur expert

Jean Luc Marini

Jean Luc Marini est directeur Directeur du LabIA et Directeur de l’agence de Lyon de OpenSt

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