L’UIT, institution spécialisée des Nations Unies pour les technologies de l’information et de la communication, organise chaque année, conjointement avec le Gouvernement suisse, le Sommet mondial sur l’intelligence artificielle au service du bien social avec 40 institutions des Nations Unies partenaires. L’évènement, ouvert gratuitement au grand public, a attiré des milliers de participants venus de tous horizons pour discuter des moyens par lesquels l’IA peut contribuer aux Objectifs de Développement Durable des Nations Unies et aider à résoudre certains des défis mondiaux.
Lancé en 2017 par l’Union internationale des télécommunications (UIT), le sommet AI for Good est devenu une véritable vitrine des technologies de pointe. Les visiteurs ont pu y découvrir des robots alimentés par l’IA, des outils contrôlés par le cerveau, des solutions d’IA générative et d’autres innovations technologiques qui forment l’épine dorsale de l’écosystème mondial de l’IA.
En plus des interventions de spécialistes reconnus de l’IA, comme Geoffrey Hinton, l’un des pionniers de l’IA et du deep learning, le Sommet de cette année a proposé des masterclasses d’apprentissage automatique, animées par des experts pour les experts, sur des thèmes allant des deepfakes aux changements climatiques en passant par les interfaces cerveau-machine, l’utilisation de l’IA pour les services publics, l’IA explicable et l’apprentissage automatique dans les réseaux de communication.
Un sommet résolument centré sur l’humain
Lors de l’ouverture du sommet, Doreen Bogdan-Martin, Secrétaire générale de l’UIT, a mis en avant le potentiel transformateur de l’IA tout en soulignant la nécessité d’une gouvernance inclusive et sécurisée. “L’intelligence artificielle est en train de changer notre monde et nos vies” a-t-elle déclaré, tout en rappelant qu’un tiers de la population mondiale reste déconnecté d’Internet et exclu de la révolution de l’IA.
Elle a insisté sur l’urgence de combler cette fracture numérique et technologique, qui affecte 2,6 milliards de personnes dans le monde. “Cette fracture numérique et technologique n’est plus acceptable“, a affirmé Mme Bogdan-Martin, appelant à une action collective pour garantir un accès équitable à l’IA, condition indispensable à un progrès inclusif.
Les piliers d’une IA responsable
Pour atteindre cet objectif, l’UIT a identifié trois piliers essentiels : la gestion des risques et de la sécurité, le développement des infrastructures et des ressources, et la collaboration internationale. Mme Bogdan-Martin a salué les initiatives telles que la résolution historique de l’Assemblée générale des Nations Unies visant à promouvoir des systèmes d’IA dignes de confiance, ainsi que la collaboration de l’UIT avec l’UNESCO pour appliquer les lois existantes à l’IA.
Des innovations inspirantes
Le sommet a également mis en lumière des exemples inspirants d’innovations, comme la start-up pakistanaise Bioniks, qui développe des membres bioniques contrôlés par le cerveau, et Ultrasound AI, une initiative américaine dirigée par des femmes, qui améliore les soins prénataux. Anas Niaz, fondateur de Bioniks, a expliqué que son objectif est de rendre les prothèses abordables et accessibles grâce à des technologies simples et économiques, précisant “Vous pouvez envoyer les mesures par téléphone mobile, et nous vous livrons vos prothèses à votre porte”.
Lutter contre la désinformation
En cette année électorale, marquée par plus de 60 élections à travers le monde, Mme Bogdan-Martin a mis en garde contre les menaces que représentent les deepfakes et la désinformation. Elle a annoncé l’engagement de l’UIT à élaborer des normes solides pour le filigrane de l’IA et la vérification du contenu numérique, soulignant que ces normes sont essentielles pour instaurer la confiance et garantir une IA responsable.
Un appel à l’action mondiale
Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a également souligné le potentiel de l’IA pour faire progresser le développement durable. Dans son message vidéo, il a insisté sur la nécessité d’une gouvernance responsable pour maximiser les bénéfices de l’IA tout en minimisant ses risques, comme les préjugés et la désinformation. Il a également mis en avant les multiples applications de l’IA, allant de l’éducation aux soins de santé, en passant par l’agriculture et la gestion des catastrophes.
Le Sommet mondial sur l’IA pour le bien est un appel à l’action pour la communauté mondiale. Il souligne l’importance de s’engager dans une utilisation sûre, inclusive et bénéfique de l’intelligence artificielle, rappelant que l’avenir de l’IA dépend de notre capacité à la gouverner de manière responsable. Comme l’a souligné Mme Bogdan-Martin, “n’oublions pas que l’avenir ne commence pas avec les algorithmes, mais avec nous, ici même, dans notre cerveau, l’ordinateur le plus complexe et le plus puissant que le monde n’ait jamais connu”.