La Société française des traducteurs sonne l’alarme sur l’impact de l’IA générative

Depuis l’arrivée de chatGPT, de nombreux débats ont eu lieu sur l’impact de l’IA générative sur l’emploi. Si elle permet d’automatiser certaines tâches répétitives et soulager les employés, il est un secteur où les conditions de travail se sont dégradées, celui de la traduction. Dans une récente prise de position, la Société française des traducteurs (SFT), syndicat des professionnels de la traduction et de l’interprétation, souligne l’importance de maintenir l’humain au cœur de la technologie pour préserver la richesse linguistique et la pensée critique, essentielles à la communication et à l’Humanité. 

Les conséquences de l’IA sur les conditions de travail des traducteurs et interprètes

La SFT exprime également son inquiétude quant à la détérioration des conditions de travail des traducteurs et interprètes professionnels. Elle rappelle que ces experts sont des passeurs de messages, tissant des liens entre les humains, et que leur remplacement par des machines pourrait dévaloriser ce savoir-faire unique.

Limites et défis de la post-édition

L’IA générative produit des traductions à une vitesse sidérante, mais à y regarder de plus près, on y retrouve des contresens, des omissions et des hallucinations, l’IA ayant tendance à générer un contenu faux plutôt qu’un “je ne sais pas”.

Pour pallier les défauts de la traduction, la post-édition est devenue une pratique courante. Selon une consultation menée par la SFT, 70% des traducteurs considèrent cette pratique comme une menace pour leur activité, les interprètes expriment eux-aussi cette crainte. La post-édition est une tâche fastidieuse, plus chronophage et moins stimulante que la traduction traditionnelle, tout en étant sous-payée. Elle exige des traducteurs, pressés par le temps, une vigilance accrue afin de repérer les erreurs et ne permet pas d’atteindre la qualité d’une traduction réalisée entièrement par un humain.

Les revendications de la SFT

La SFT appelle donc les donneurs d’ordre et les prestataires de services linguistiques à ne pas sacrifier la qualité des traductions et interprétations sur l’autel de la technologie :  “Que ce soit d’un point de vue social, environnemental ou encore sanitaire, l’humain doit rester dans la boucle”.

Elle insiste sur le fait que la technologie doit rester un outil au service des métiers de la traduction et de l’interprétation. Elle ne s’oppose pas à l’intégration de la GenAI dans ces métiers, à condition que cela se fasse avec une grande vigilance et sans remplacement des professionnels.

Elle émet en ce sens les quatre revendications suivantes :

  • Elle appelle au respect de la création et du savoir-faire humain et recommande de proscrire le remplacement de l’expert linguistique par l’IA ;
  • Elle réclame plus de transparence sur l’origine et la production des contenus. Cette transparence doit être la règle et la production machine doit être clairement identifiée pour la distinguer de la création humaine ;
  • Elle demande le partage équitable de la valeur créée par les services linguistiques et dénonce la baisse de rémunération ainsi que la dégradation des conditions de travail de professionnels hautement qualifiés, alors que le marché global ne cesse de croître ;
  • Elle alerte sur la disparition des professions des langues, notamment le corps enseignant et les pouvoirs publics en charge des programmes scolaires et universitaires sur l’importance de la formation des jeunes générations.

Pour retrouver la prise de position de la SFT, cliquer ici.

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