IA et travail : la nécessité de dédramatiser les usages de l’intelligence artificielle

La semaine dernière, Olivier Dussopt, Ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, et Jean-Noël Barrot, Ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, se sont rendus à l’Institut Matrice qui leur a présenté les premiers résultats de l’enquête du LaborIA sur les usages et les impacts de l’IA sur le travail. Celle-ci fait le constat d’un écart entre les impacts réels et supposés d’une utilisation de l’IA dans un environnement professionnel et pour les ministres tout comme pour les acteurs de Matrice et du Hub France IA, dédramatiser les usages de l’IA passe par la transparence de l’IA et la formation.

Créé par le ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion et Inria en novembre 2021, le LaborIA s’inscrit dans le cadre de l’initiative PMIA, qui vise à combler le fossé entre la théorie et la pratique sur l’IA en soutenant la recherche de pointe et les activités appliquées sur les priorités liées à l’IA.

L’un des groupes de travail de cette initiative, consacré à la thématique « Avenir du travail », est affilié au Centre d’expertise du PMIA de Paris et hébergé par Inria, il mène, entre autres, des analyses sur la manière dont l’IA affecte et affectera l’emploi, les travailleurs et les compétences. La création du LaborIA répond aux recommandations de ce groupe et entre dans le cadre de la Stratégie nationale pour l’IA.

Opéré par l’institut d’innovation technologique et sociale fondé en 2016, Matrice, qui est tout à la fois, un organisme de formation, un incubateur, un centre de recherche et un laboratoire d’innovation, le LaborIA Explorer a présenté aux ministres les résultats de l’enquête qualitative menée auprès de 250 décideurs.

Les craintes liées à l’IA diminuent drastiquement avec le développement des usages

Cette étude met en évidence qu’en matière d’impact sur le travail, les représentations sociales diffèrent selon le degré de familiarité à l’IA et que l’intensité de l’impact ressenti diminue à mesure que les projets d’IA gagnent en maturité :

  • Une fois qu’ils l’ont essayé, les utilisateurs évoquent avant tout des apports positifs sur l’exercice de leur métier, notamment en matière d’autonomie et de savoir-faire. La crainte d’impacts négatifs, en particulier au niveau du délitement du lien social, vient essentiellement d’individus qui n’ont pas encore eu l’opportunité d’utiliser l’IA ;
  • Les impacts sur le sens donné au travail, l’évolution des savoir-faire et l’autonomie sont très élevés lors des phases préliminaires du projet de solution innovante d’analyse (SIA), puis baissent une fois le projet en phase de déploiement ou lorsqu’il est déjà déployé.

L’IA va transformer le travail, et pourrait même être un levier significatif de progrès

En marge du LaborIA Explorer, d’autres discours convergent : pour nuancer les peurs actuelles, François-Xavier Petit, Directeur Général de Matrice, met en avant « la nécessité d’entrer dans la “boîte noire” de l’IA pour mettre fin à l’opacité autour de son fonctionnement (technique) et de son impact (social, écologique), et montrer en quoi l’IA peut être un levier de progrès au quotidien ». 

Pour Françoise Soulié-Fogelman, Directrice Scientifique du Hub France IA, l’IA va plutôt simplifier voire éliminer des tâches souvent fastidieuses que supprimer des emplois, ce qui permettra aux utilisateurs de passer moins de temps sur des tâches à faible valeur ajoutée, pour se consacrer à celles qui nécessitent davantage leur expérience et compétences techniques.

L’IA est déjà présente au quotidien : il faut former pour que chacun puisse en bénéficier

La question principale est celle de la formation : l’enjeu n’est pas seulement de préparer les travailleurs à une transformation de leur activité, mais aussi de les inviter à tirer le meilleur parti de l’IA dans leur métier.

Olivier Dussopt le souligne :

« Il faut créer des lieux de dialogue qui permettent de comprendre les questions vertigineuses que pose l’IA pour mieux réguler ses usages. L’IA existe déjà dans notre société et, bien utilisée, elle peut représenter un apport réel. Il faut nous y préparer en lien étroit avec les partenaires sociaux et notamment nous engager dans la formation aux compétences qu’elle va favoriser ».

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