Airbus a annoncé le 12 décembre dernier avoir réalisé un premier essai en vol de largage suivi de l’exploitation d’un démonstrateur de drone d’appui à partir d’un A400M, en collaboration avec la Bundeswehr, le Centre aérospatial allemand DLR, les entreprises SFL et Geradts. Les avions de transport militaire d’Airbus équipés de ce dispositif de largage pourraient élargir la portée des systèmes sans pilote, une des attentes du programme SCAF.
Initié en 2017, le projet franco-allemand SCAF (Système de Combat Aérien du Futur), rejoint par l’Espagne, vise à construire un système d’armes de nouvelle génération (NGWS) d’ici 2040. Selon les acteurs du programme, « le SCAF n’est pas un projet d’avion de combat mais un projet de “système de systèmes”, dont l’avion n’est qu’un des éléments ». Il se composera :
- D’un avion de combat a priori habité à ce stade (le NGF);
- De remote carriers ( drones ou effecteurs déportés) pesant de 1 kilogramme à une tonne, non habités ayant des capacités de saturation (envoi d’essaims pour saturer les défenses ennemies), de leurrage, de renseignement (avant et pendant la mission), voire de frappe contre des cibles très défendues; Ils seront récupérables en plein vol
- D’un cloud de combat permettant l’interopérabilité, la connexion et le dialogue entre les différentes plateformes.
Le rôle de l’IA au sein du SCAF
L’IA jouera un rôle essentiel au sein de ce système, que ce soit pour l’avion de nouvelle génération ou les drones. Pour les responsables du programme, elle est « un moyen d’augmenter les capacités de l’homme, qui resterait au cœur du système, plutôt que comme un moyen de le remplacer ». Elle aidera ainsi le pilote dans sa prise de décision en triant les informations les plus pertinentes issues des capteurs afin d’éviter la saturation et réduire le stress du combat. L’IA générera automatiquement des plans de mission, gèrera l’adaptation des capteurs au terrain ou encore la maintenance prédictive. Elle jouera également un rôle dans le domaine de la coopération entre drones.
Le démonstrateur de drone d’appui largué et opéré à partir d’un A400M en vol
Pour préparer le lanceur de drones A400M à la campagne d’essais, Airbus, le Centre technique aéronautique de la Bundeswehr, le DLR, SFL et Geradts ont appliqué de nouvelles méthodes de travail soutenues par l’agence d’armement allemande BAAINBw, telles que le prototypage rapide et une approche commune des essais en vol.
Le dispositif permettant de lancer des drones d’appui à partir d’un A400M a été développé en seulement six mois. Pour le vol d’essai, il a été installé dans la soute d’un A400M de la Bundeswehr, d’où a été lancé un drone Do-DT25 modifié d’Airbus. Après le largage, les réacteurs du Do-DT25 ont été allumés par l’équipage de l’A400M qui a pris le contrôle du drone et l’a ensuite transféré à un opérateur au sol, qui a fait atterrir le remote carrier en toute sécurité.
Michael Schoellhorn, PDG d’Airbus Defence and Space, déclare :
« L’excellente collaboration avec notre client et nos partenaires allemands sur cette campagne du lanceur de drones à partir de l’A400M est une preuve supplémentaire de la façon dont le développement du SCAF fera passer l’innovation et les technologies au niveau supérieur. Le SCAF en tant que système de systèmes commence à prendre forme maintenant. »
Selon Airbus, les avions de transport militaire tels que l’A400M pourront jouer un rôle important : en tant que “vaisseau-mère”, ils pourront transporter les drones d’appui aussi près que possible de leurs zones d’opération avant de libérer jusqu’à 50 petits drones d’appui ou jusqu’à 12 drones d’appui de plus grande taille. Ceux-ci rejoindront alors les aéronefs pilotés, fonctionnant avec un haut degré d’autonomie, mais toujours sous le contrôle d’un pilote.