Selon Zhuang Rongwen, directeur de l’Administration du cyberespace de Chine (CAC), l’agence chargée de la réglementation de l’IA générative, plus de 190 LLMs ont été enregistrés et mis à la disposition du public jusqu’à présent. Dans une récente interview accordée à l’agence de presse Xinhua, il a indiqué que ces modèles ont déjà attiré plus de 600 millions d’utilisateurs, ce qui démontre le développement rapide de l’IA générative en Chine.
La Chine ne cache pas son ambition de rattraper et dépasser les USA dans le domaine de l’IA pour en devenir le leader mondial, quand bien même elle doive faire face aux pressions américaines, notamment aux restrictions des exportations de puces et des investissements américains dans l’industrie d’IA du pays.
Considérant la GenAI comme un moteur de croissance et un atout concurrentiel clé, elle a annoncé en octobre 2023, un plan pour augmenter sa puissance de calcul globale de plus de 50 % d’ici 2025, visant 300 exaflops. En début d’année 2024, elle approuvait 14 nouveaux LLMs, portant à 46 le nombre total de LLMs validés depuis août 2023, suite à l’introduction de la réglementation exigeant une approbation officielle avant leur lancement.
En six mois, ce nombre est donc passé à plus de 190, soulignant une adoption accélérée de l’IA générative.
Un cadre réglementaire pionnier
En juillet 2023, la Chine a introduit le premier ensemble de règles de gestion pour les services d’IA générative, marquant une étape importante dans la régulation de cette technologie émergente. Ces règles visent à équilibrer l’innovation technologique et la sécurité, tout en soutenant le développement industriel.
La CAC travaille activement à l’amélioration des mécanismes de développement et de gestion des technologies d’IA, notamment en favorisant la recherche indépendante sur les puces informatiques et les cadres algorithmiques, ainsi que la création de corpus en langue chinoise de haute qualité.
Encourager l’innovation et l’application industrielle de l’IA
La procédure de dépôt pour les LLMs sera simplifiée et les coûts de conformité pour les entreprises réduits. Dans le cadre de ses priorités politiques, la Chine va continuer d’encourager l’application de la GenAI dans des secteurs clés tels que l’industrie manufacturière, l’agriculture, l’éducation et la santé. Ces efforts visent à renforcer l’économie réelle et à moderniser les industries traditionnelles grâce à l’IA.
Cependant, Zhuang Rongwen a également souligné l’importance cruciale de la sécurité dans le développement de l’IA. Les autorités chinoises guideront les prestataires de services pour qu’ils offrent des solutions d’IA de manière sécurisée, fiable, contrôlable et équitable. Ils devront mettre en place des mesures telles que l’auto-évaluation et la gestion quotidienne pour prévenir les violations de données personnelles et de propriété intellectuelle ou la génération de fausses informations, autant de risques potentiels liés à l’usage inapproprié de l’IA.
Vers une gouvernance globale du cyberespace
Depuis 2012, la Chine a réalisé des avancées significatives dans la gouvernance du cyberespace. Le pays s’efforce de construire un écosystème de cyberespace robuste, fondé sur des principes juridiques et une gouvernance systématique. Il dispose désormais, selon le directeur de la CAC, de l’infrastructure d’information la plus vaste et technologiquement avancée au monde, et de plus de 150 textes de loi promulgués dans ce domaine.
En adoptant les lois pertinentes et les améliorant si nécessaire, un cadre juridique complet de la gouvernance du cyberespace en Chine sera mis en place. Les mécanismes de coordination pour l’application de la loi seront affinés, en particulier dans le cadre intersectoriel et interministériel.
Zhuang Rongwen a souligné que l’évaluation de la sécurité des nouvelles technologies et applications Internet est également une priorité. Les autorités chinoises veulent accélérer l’application de ces technologies tout en préservant la sécurité idéologique et en protégeant les droits et intérêts légitimes des utilisateurs d’Internet.
Coopération internationale et autodiscipline
La CAC joue un rôle actif dans la régulation des activités en ligne, notamment en encadrant les leaders d’opinion sur Internet et les institutions MCN (Multi-Channel Networks), tout en réprimant les activités illégales. Zhuang Rongwen a également mis l’accent sur la nécessité d’une coopération internationale dans la gouvernance de l’IA, regroupant régulation gouvernementale, autodiscipline industrielle, autorégulation des entreprises et surveillance du public.