Meta suspend l’utilisation des données personnelles de ses utilisateurs européens

La Commission de protection des données (Data Protection Commission ou DPC), le régulateur irlandais de la vie privée responsable de la supervision de Meta (Facebook, Instagram) en Europe, puisque son siège social se trouve à Dublin, a annoncé vendredi dernier saluer “la décision de Meta de suspendre ses plans d’entraînement de son grand modèle linguistique en utilisant du contenu public partagé par des adultes sur Facebook et Instagram dans l’UE/EEE”.

Facebook et Instagram n’exploiteront donc pas les informations partagées par leurs utilisateurs européens comme ils entendaient le faire à partir du 26 juin prochain.

Meta déclare sur son blog :

“Nous sommes déçus par la demande de la Commission irlandaise de protection des données (DPC), notre principal régulateur, au nom des APD européennes, de retarder la formation de nos grands modèles de langage (LLM) à l’aide de contenu public partagé par des adultes sur Facebook et Instagram, d’autant plus que nous avons intégré les commentaires réglementaires et que les APD européennes ont été informées depuis mars. Il s’agit d’un pas en arrière pour l’innovation européenne, la concurrence dans le développement de l’IA et de nouveaux retards dans la mise à disposition des avantages de l’IA aux citoyens européens”.

Se justifiant :

“Nous suivons l’exemple d’autres, notamment Google et OpenAI, qui ont déjà utilisé des données européennes pour former l’IA. Notre approche est plus transparente et offre des contrôles plus faciles que beaucoup de nos homologues de l’industrie qui entraînent déjà leurs modèles sur des informations similaires accessibles au public”.

Onze plaintes de NYOB

La décision de Meta fait suite à onze plaintes déposées par NOYB (None of Your Business) et d’autres groupes de protection des consommateurs auprès des autorités de protection des données à travers l’Europe.

Organisation à but non lucratif basée à Vienne, en Autriche, NYOB a d’ailleurs également porté plainte en mai dernier contre OpenAI auprès de l’autorité autrichienne de protection des données.

Meta avait initialement justifié l’utilisation des données des utilisateurs en se basant sur un “intérêt légitime”, en informant seulement certains utilisateurs et en offrant une option de “désinscription” jugée compliquée et trompeuse. Cependant, après une pression croissante des régulateurs européens et ces plaintes, Meta a convenu avec le DPC de mettre en pause ces projets.

Le président de NOYB, Max Schrems, a toutefois accueilli cette décision avec prudence, déclarant :

 “Nous nous félicitons de cette évolution, mais nous la suivrons de près. Jusqu’à présent, il n’y a pas eu de modification officielle de la politique de confidentialité de Meta, ce qui rendrait cet engagement juridiquement contraignant. Les plaintes que nous avons déposées sont en cours et devront faire l’objet d’une décision.”

Max Schrems a également critiqué Meta pour ne pas avoir simplement demandé le consentement explicite des utilisateurs pour le traitement des données à des fins d’entraînement de ses modèles d’IA, ce qui est permis par le RGPD :

“Le communiqué de presse de Meta ressemble un peu à une “punition collective”. Si un Européen insiste sur ses droits, le continent tout entier ne recevra pas ses nouveaux produits. Cependant, Meta a tout à fait la possibilité de déployer l’IA sur la base d’un consentement valide – il choisit simplement de ne pas le faire“.

Il souligne que l’annonce de Meta a été faite un vendredi soir, un moment souvent choisi par les entreprises pour minimiser la couverture médiatique des nouvelles négatives.

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