Isabelle Ryl nous présente l’institut 3IA PRAIRIE

Le 2 octobre dernier, l’institut 3IA PRAIRIE a été inauguré. Nous nous sommes entretenus à cette occasion avec Isabelle RYL, sa directrice. L’occasion d’évoquer la feuille de route et les spécificités de ce projet porté par Inria, le CNRS, l’Institut Pasteur, l’Université de Paris et l’Université PSL, avec le soutien de partenaires industriels.

Voici la retranscription de notre échange :

Isabelle Ryl : Bonjour, je m’appelle Isabelle Ryl, je suis actuellement directrice de l’institut PRAIRIE que nous inaugurons aujourd’hui, au titre d’Inria, qui est coordinateur du projet.

Pourriez-vous nous rappeler ce que sont les “3IA” ?

Isabelle Ryl : L’appel 3IA est un appel qui a été lancé par l’ANR suite aux annonces du plan de la stratégie nationale IA. C’est un appel qui vise à la création d’instituts d’IA qui regroupent des aspects recherche et formation sur tout le territoire. 4 instituts ont été labellisés suite à l’appel national, un jury et une compétition. 3 sont situés en région : à Sophia Antipolis, Toulouse et Grenoble et l’un d’entre eux se situe à Paris, c’est PRAIRIE, que nous inaugurons aujourd’hui.

 

Quelles sont les spécificités de PRAIRIE ?

Isabelle Ryl : PRAIRIE s’est conformé, comme les autres à l’appel 3IA. Donc on a quand même tous un fond commun de structure. Nos spécificités sont peut être d’être, comme c’est le cas du paysage parisien, transverse. Le paysage parisien est très riche.

Donc c’est un institut qui regroupe plusieurs établissements publics partenaires :l’Université de Paris, PSL, l’institut Pasteur, deux organismes : CNRS et Inria. Donc il est assez transverse dans ce sens là. Il rassemble aussi 16 grands groupes industriels qui nous financent par du mécénat. Ce qui est aussi une spécificité du modèle qu’on a choisi. Donc il y a vraiment cet aspect écosystème et collaboration de tous les partenaires.

 

Quels sont votre cap et vos priorités pour les années à venir ?

Isabelle Ryl :  Il y a beaucoup de choses à mettre en place. Comme on l’a déjà répété plusieurs fois, le but n’est vraiment pas de créer de nouvelles choses. Si on prend l’exemple de la formation, bien sûr qu’un institut 3IA n’a pas vocation à recréer des formations. Les formations sont portées par les établissements partenaires, des universités, des écoles.

Par contre le fait d’avoir un institut visible avec un chapeau commun va permettre à la fois de développer des programmes d’attractivité, l’ensemble des chaires, donc les 45 chaires qui sont dans PRAIRIE, se sont engagées à enseigner.

Beaucoup d’entre eux sont des chargés de recherche ou directeurs de recherche. C’est à dire qu’ils n’enseignaient pas forcément tous jusque là. Donc ça fait un apport d’enseignants de très haut niveau sur le sujet.

On va développer d’autres programmes avec les partenaires. Donc les points, si j’en reviens à votre question pour l’instant, sont de lancer les chaires, lancer les sujets de recherche qui ont été proposés pour ces 45 titulaires et puis de mettre en place l’ensemble des programmes qui ont été définis sur la formation, sur les collaborations, sur l’ensemble des sujets qu’on aborde.

On a déjà abordé plusieurs fois dans les discussions ce matin, lors de l’inauguration, des aspects qui nous intéressent, comme la diversité, la place des femmes. Je dis 45 chaires mais en fait on a 36 chaires “sénior”, c’est à dire des chercheurs qui ont soutenu leur thèse depuis longtemps, qui vont développer une équipe et on a fait un programme pour les jeunes chercheurs, on a 9 jeunes chercheurs.

Mais dans l’ensemble de ces 45 personnes, seules 8 sont des femmes. Ce qui n’est pas une anomalie, car ça correspond au paysage actuel, mais qui est quand même quelque chose qu’il ne faut pas accepter, contre lequel il faut se battre.

 

Quels sont les moyens que vous allez mettre en place pour encourager cette diversité ?

Isabelle Ryl : Sur les moyens, on a commencé par un ensemble de petites choses. En particulier, du 3 au 5 octobre se tient l’école d’été que nous co-organisons avec l’institut 3IA de Grenoble, pour laquelle on a mis en place grâce aux partenaires industriels, des bourses pour les étudiants qui n’avaient pas, pour des raisons diverses ou variées, les moyens de faire financer leur séjour par leur université, en ciblant les personnes qui ne sont pas dans notre écosystème habituel et qui ont des difficultés, soit parce qu’elles viennent de très loin, soit pour essayer de favoriser les jeunes filles qui n’avaient pas de financement pour participer.

On va aussi travailler avec Chloé-Agathe Azencott du Women in Machine Learning & Data Science (WIMLDS) pour essayer d’être en appui de leurs événements. Parce qu’on pourra leur fournir des chercheurs qui vont travailler avec eux. On va essayer de co-organiser des sessions communes sur des événements (par exemple des workshops ou des sessions de concret) qui seront réservés aux filles. Il faut en faire à tous les niveaux.

Il faut absolument inciter les filles qui sont en licence ou autres à aller vers nos disciplines ou à ne pas s’en détourner, par contre il faut agir beaucoup plus en amont. Il faut absolument qu’on discute avec certains de nos partenaires, en particulier les académiques, les enseignants, les lycées, sur la manière dont on peut intervenir chez eux pour essayer d’inciter les filles à avoir une image plus ouverte, plus réjouissante mais en plus plus réelle du métier.

Parce qu’aujourd’hui si vous êtes informaticien, mathématicien, si vous faîtes de l’informatique, de l’intelligence artificielle en particulier, vous touchez à tous les domaines d’application. On a parlé de santé, de transport, d’environnement, il n’y a plus aucun problème qui y échappe et les gens qui travaillent là dessus sont des gens qui ont des possibilités de carrière absolument exceptionnelle partout dans le monde, et ce serait dommage de couper une partie de la population de ces métiers-là à cause d’idées préconçues ou de peur et d’auto-censure.

 

Vous mêmes faites aujourd’hui figure d’exemple de femme dans l’IA pour ces jeunes filles. Avez-vous un cursus “IA” ?

Isabelle Ryl : Je suis professeur des universités, effectivement, à Lille. Par contre, ma discipline d’origine n’est pas du tout l’intelligence artificielle. Je m’occupais de méthodes formelles pour la sécurité de petits objets (cartes à puce, RFID..) .

J’ai pris ensuite des fonctions chez Inria, de direction de centre de recherche de Paris-Rocquencourt qui s’est ensuite appelé Paris, pendant 7 ans 1/2. J’ai glissé vers le management de la recherche.

Ce sont des métiers dans lesquels on perd en verticalité, c’est à dire qu’on est beaucoup moins spécialiste d’un domaine, par contre on gagne en horizontalité, puisqu’on a l’occasion d’être au contact des meilleurs chercheurs sur de très nombreux sujets, en particulier l’IA qui nous occupe aujourd’hui, mais malheureusement pour moi, je ne suis pas chercheur en IA.

 

Quelle est la dernière chose qui vous a bluffée en matière d’IA ?

Isabelle Ryl : Je suis très impressionnée par la diffusion, quand on visite différents sites, quand on rencontre des partenaires. Par l’ensemble des domaines que cela touche aujourd’hui. C’est à dire que cela touche effectivement les réseaux sociaux, les masses de données, la transformation des usines, la transformation des transports, on va parler d’environnement.

C’est à dire qu’il n’y a plus rien qui échappe à l’IA aujourd’hui. Alors, pas dans les fantasmes de domination du monde par une machine, mais simplement parce que c’est un outil très puissant et qui permettra, s’il est bien encadré et bien utilisé, de faire de très bonnes choses, dans le domaine de la santé ou même d’autres.

Il y a une chose très bluffante sur la santé, c’est tout ce qui est médecine personnalisée. Tout ce qui consiste à mêler et assembler des données d’échelles très variées. Aujourd’hui, de pouvoir mêler des résultats d’analyse d’imagerie à la biologie, la génomique, cela n’existerait pas sans des outils puissants. Donc il y a aujourd’hui plein de domaines d’application dans lesquels ça peut être utile et ça peut permettre des avancées.

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