Conseil de l’innovation : une feuille de route axée deep tech, rupture et intelligence artificielle

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Ce 18 juillet a marqué l’installation du Conseil de l’Innovation et la première réunion de l’organisme présidé par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation en présence de Florence Parly, ministre des Armées, et Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État auprès du Premier ministre, chargé du Numérique. À cette occasion, la feuille de route du gouvernement en matière d’innovation a pu être préciser.

La feuille de route du gouvernement sur l’innovation

Fort des constats et recommandations posés par la mission confiée à MM. Distinguin, Dubertret, Lewiner et Stéphan, le gouvernement s’est fixé une feuille de route, qui ambitionne de positionner la France en tant que puissance de premier plan en matière d’innovation de rupture.

Priorité 1 : Soutenir l’innovation de rupture

Au-delà de l’écosystème de start-ups créé depuis cinq ans, la France dispose d’atouts reconnus au travers d’une recherche académique d’excellence. La France se place ainsi au 7ème rang mondial en termes de publications scientifiques, consacre 2,24 % de son PIB à la R&D, et possède des instituts de recherche et des universités de renommée mondiale : CNRS, CEA, INSERM, INRIA, INRA, Institut Pasteur, Sorbonne Université, Université Paris-Saclay, ENS, etc. Ces atouts français conduisent 88 % des investisseurs à juger que les perspectives de croissance deep tech en France sont supérieures à celles des autres pays européens.

Le Fonds pour l’innovation et l’industrie (FII) vient capitaliser sur les atouts nationaux pour apporter des moyens nouveaux qui seront spécifiquement dédiés au financement de l’innovation de rupture. Il a vocation à garantir la souveraineté technologique de notre pays et son développement économique. Il vise notamment à :

  • Favoriser l’émergence des secteurs d’avenir dans le cadre de l’action « grands défis ». Les grands défis permettront de créer ou d’orienter les filières vers des secteurs à forts enjeux technologiques et sociétaux (intelligence artificielle, mobilité, santé, cyber-sécurité). Ils sont arrêtés par le Conseil de l’innovation, sur la base d’une consultation des administrations et des acteurs des écosystèmes d’innovation (organismes de recherche, entreprises, etc.). Environ 150 M€ par an du FII y seront consacrés. Le plan annoncé par le président de la République lors du sommet AI For Humanity prévoit qu’au moins 100 M€ sur trois ans soient dédiés à des sujets touchant à l’intelligence artificielle. En parallèle, la France promeut la création d’une Agence européenne d’innovation de rupture pour soutenir les programmes plus globaux, se concrétisant à l’échelle européenne. La France apporte ainsi son expertise et ses ambitions au projet de l’European Innovation Council (EIC), porté par le commissaire européen Carlos Moedas.
  • Soutenir la croissance et l’émergence des start-ups technologiques, via le plan deep tech, opéré par Bpifrance. L’objectif est de doubler la création annuelle de start-ups deep tech et de leur permettre de grandir suffisamment pour devenir leader sur leur marché. Le plan deep tech financera l’innovation de rupture en s’appuyant sur:
    • une enveloppe de 70 M€ par an qui permettra d’offrir à ces start-ups un continuum de financements ;
      – en revalorisant les Bourses French Tech Emergence, dont le montant pourra aller jusqu’à 90 k€. 10 M€ y seront consacrés chaque année ;
      – en augmentant la dotation des concours, notamment le concours d’entreprises technologiques i-Lab, à hauteur de 15 M€ supplémentaires chaque année ;
      – en renforçant les aides individuelles à la R&D pour les entreprises fortement technologiques, versées par Bpifrance à hauteur de 45 M€ par an.
    • le plan deep tech qui comprend également un volet d’accompagnement des entrepreneurs. Les entreprises de la deep tech trouvent le plus souvent leur origine et leurs relais de croissance dans la recherche conduite dans les laboratoires académiques. Les acteurs du transfert de technologies sont donc des maillons indispensables au succès de ce plan ;
    • l’action de promotion et d’accompagnement de la French Tech qui sera élargie à l’ensemble des start-ups deep tech.

Tous dispositifs confondus, l’État va investir 4,5 Mds€2 dans le financement de l’innovation de rupture ces cinq prochaines années dont 1,6 Md€ de nouveaux moyens.

Pour le lancement des premiers grands défis, le Gouvernement s’est appuyé sur les consultations ayant eu lieu pour la réalisation du rapport de M. Cédric Villani sur l’intelligence artificielle. Pour les prochaines occurrences, des consultations larges seront effectuées et tous les secteurs industriels pourront être concernés. D’ores et déjà, il est possible de déposer des propositions sur les pages suivantes sur le site  www.economie.gouv.fr/grands-defis.


Le Fonds pour l’innovation et l’industrie

Créé le 15 janvier 2018, le Fonds pour l’innovation et l’industrie est doté de 10 milliards d’euros, grâce à des cessions d’actifs d’Engie et de Renault (1,6 milliard d’euros) et à des apports en titres d’EDF et de Thalès (environ 8,4 milliards d’euros). L’État devrait procéder à de nouvelles cessions de participations afin de remplacer ces titres. Le rendement de ce fonds sera de 2,5 % à terme, ce qui permettra de générer 250 millions d’euros par an, qui seront dédiés au financement de l’innovation de rupture, pour garantir la souveraineté scientifique et technologique de notre pays et son développement économique, selon les priorités suivantes(répartition prévisionnelle) :

– 70 M€ d’aides individuelles dans le cadre du plan deep tech porté par Bpifrance ;
– environ 150 M€ sur les grands défis ;
– 25 M€ pour le plan Nano 2022 ;
– environ 5 M€ dont l’emploi reste soumis à l’appréciation du Conseil. L’allocation détaillée des moyens du Fonds sera décidée dans le cadre du Conseil de l’innovation.


Priorité 2 : Simplifier le paysage des aides à l’innovation et mieux articuler les dispositifs nationaux et européens

Afin de donner un impact plus important à la politique d’innovation et faciliter son appropriation par les acteurs, tout en recherchant en permanence le modèle le plus efficient, le gouvernement entreprend en parallèle plusieurs simplifications :

  • accroissement de la lisibilité des aides à l’innovation ;
  • meilleure articulation des aides aux différents échelons allant du niveau régional au
    niveau européen ;
  • lancement de la phase 4 des pôles de compétitivité et rapprochement des
    procédures du Fonds Unique Interministériel (FUI) et des Projets Structurants pour la Compétitivité (PSPC) pour accélérer le traitement des dossiers et augmenter le soutien aux projets des PME ;
  • création d’une seule communauté d’Instituts de recherche technologique et pour la transition énergétique ;
  • renforcement de l’articulation des concours d’innovation ;
  • amélioration des synergies entre l’innovation civile et militaire.

Priorité 3 : Accélérer la croissance des entreprises par l’innovation

Dans le contexte du soutien renforcé à l’innovation, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement Supérieur de la Recherche et de l’Innovation, ont confié à quatre personnalités une mission d’analyse des politiques d’aides à l’innovation en France et d’évaluation des dispositifs d’aides directes existants. La mission a permis de formuler 55 propositions concrètes concernant le système des aides directes à l’innovation. 38 de ces mesures sont actuellement en cours de mise en œuvre.

Par ailleurs, le Gouvernement poursuit un vaste ensemble d’actions qui visent à accélérer la croissance des entreprises par l’innovation :

  • modernisation de l’épargne retraite et des fonds Eurocroissance dans le cadre du projet de loi PACTE, afin de drainer et d’irriguer les entreprises innovantes. Cette action accompagnera le déploiement des fonds de fonds du PIA, qui visent à poursuivre la structuration de l’écosystème du capital-risque français (Fonds national d’amorçage et Fonds de fonds multicap croissance) ;
  • protection des entreprises stratégiques, également dans le projet de loi PACTE, pour assurer la souveraineté de la France et garantir un terrain favorable au maintien d’un tissu industriel ;
  • transformation du tissu industriel français, suite à la réorganisation du Conseil national de l’industrie, qui devra accompagner la transition vers l’industrie du futur par des offres d’accompagnement et d’essaimage, sous l’ombrelle notamment de la French Fab ;
  • renforcement du soutien aux entreprises en forte croissance (scale-up) dans le cadre de la French Tech.

Un Conseil de l’innovation pour engager et superviser ces chantiers

Cette feuille de route implique une grande diversité d’acteurs et des moyens importants, sur des sujets d’une grande complexité. Elle requiert une capacité à se projeter sans cesse vers des domaines inexplorés et par nature difficiles à appréhender.

Le Conseil de l’innovation est né de cette ambition sans précédent. Avec la présence de personnalités reconnues pour la richesse de leurs expériences et leur vision en matière d’innovation, il va fixer les priorités stratégiques, en assumant une prise de risque élevée ayant pour corollaire une acceptation de l’échec. Plus précisément, le Conseil de l’innovation aura pour missions :

  • de définir les grandes orientations et les priorités de la politique de l’innovation, appuyées par des travaux d’évaluation et de prospective ;
  • de décider, sous la forme d’une feuille de route, des mesures susceptibles de renforcer la transversalité de la politique de l’innovation et de simplifier le paysage des aides à l’innovation. Notamment, il assurera leur bonne articulation avec les dispositifs régionaux et européens, avec pour objectif de préparer nos entreprises et nos acteurs de la recherche publique à accéder aux appels à projets les plus adaptés à leurs besoins ;
  • de formuler des recommandations sur les moyens financiers dédiés à la politique de l’innovation, afin de favoriser l’émergence d’innovations de rupture et leur industrialisation en France.

Le Conseil de l’innovation a vocation à se réunir 3 fois par an, en mars, juillet et novembre. Il sera composé  de :

  • Benoît Potier, PDG d’Air Liquide : diplômé de l’école Centrale de Paris, B. Potier a construit toute sa carrière au sein d’Air Liquide, en débutant en tant qu’ingénieur de recherche et développement, pour ensuite prendre des responsabilités dans la gestion de projet, avant d’occuper des emplois de direction. En 1997, il a été nommé directeur général du groupe et depuis 2006, président-directeur général.
  • Isabelle Ryl, DG déléguée aux transferts et aux partenariats industriels par intérim à l’INRIA : titulaire d’une thèse en informatique, Isabelle Ryl a occupé un poste d’enseignant-chercheur à l’université de Lille entre 1999 et 2010. Ses recherches portent sur la vérification de propriétés de sécurité. En 2010, elle a été désignée directrice du centre de recherche de l’INRIA à Paris et s’est particulièrement investie auprès des écosystèmes d’innovation.
  • Eric Carreel, fondateur de la start-up Withings : ingénieur et docteur de l’université Pierre et Marie Curie, Eric Carreel a d’abord travaillé dans la recherche institutionnelle avant de se lancer dans l’entrepreneuriat et de créer plusieurs sociétés à succès, parmi lesquelles Withings, qui commercialise des objets connectés, et Sculpteo, spécialisée dans l’impression 3D. Business angel actif, il soutient l’écosystème des start-ups et partage son expérience par ses responsabilités auprès de l’association France Digitale, qui participe au rapprochement entre entrepreneurs et capital-risqueurs.
  • Isabelle de Crémoux, présidente du directoire de Seventure partners : ingénieure de l’École Centrale de Paris, formation complétée par une licence de droit, Isabelle de Crémoux est une spécialiste de l’industrie pharmaceutique. Après une première expérience dans l’audit, elle a rejoint la société Pfizer France sur des fonctions de contrôle de gestion, qui l’ont amenée à réorganiser la recherche clinique. À la suite de quoi, elle a rejoint le laboratoire Fournier comme directrice adjointe en charge des licences de produits et de technologies. En 2001, elle intègre le fonds de capital-risque Seventure Partners pour y créer le département sciences de la vie. Directrice générale depuis 2011, elle a contribué à l’émergence de plusieurs start-ups aujourd’hui cotées.
  • Jean-Michel Dalle, économiste, DG d’Agoranov : ingénieur et docteur de l’École Polytechnique, J-M. Dalle est professeur à l’université de la Sorbonne, spécialiste de l’économie et du management de l’innovation. Il dirige l’incubateur Agoranov, qui a contribué à l’éclosion de plus de 300 start-ups innovantes, dont la licorne française Critéo, qui fournit des prestations de ciblage marketing sur internet, ou Aldebaran Robotics (désormais Softbank Robotics depuis son rachat), qui produit des robots humanoïdes.
  • Marie Meynadier, chercheur, DG d’EOS Imaging : ingénieur télécom, docteur en physique, M. Meynadier a entamé sa carrière aux États-Unis chez BellCore, avant d’intégrer le groupe AT&T. De retour en France, elle rejoint la Délégation générale pour l’armement du ministère de la Défense, où elle dirige un programme dans le domaine de la micro-électronique. En 2006, elle décide de franchir le pas et développe la société EOS Imaging, pionnière de l’imagerie orthopédique en 3D.

Retrouvez le contenu de la séance inaugurale du Conseil de l’innovation dans son intégralité sur le site www.economie.gouv.fr

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