Algorithme de la Victoire ? L’intelligence artificielle et le XV de France de rugby

Sahbi Chaieb - IA & Rugby

À quelques jours du match crucial qui verra l’équipe de France affronter l’Afrique du Sud en quart de finale de la Coupe du Monde de Rugby, et alors que nous apprenons la titularisation d’Antoine Dupoint, une force discrète mais puissante travaille en coulisses, analysant chaque passe, chaque placage et chaque mouvement sur le terrain. Ce n’est pas un nouvel entraîneur ou un joueur sur lequel les yeux du public sont braqués, mais une alliée tout aussi déterminante : la science des données.

Au sein d’un précédent numéro d’ActuIA (offert au format numérique avec tout abonnement à la revue), nous avons dédié un dossier complet au rôle de l’IA et de l’analytique de données dans le domaine du sport, explorant comment ces technologies influencent les décisions, des stades de football aux parquets de basketball. Aujourd’hui, nous nous plongeons plus profondément dans l’interaction complexe entre le rugby et la technologie.

Lors du salon Big Data & AI Paris 2023, Sahbi Chaieb, data scientist émérite chez SAS, nous a accordé un entretien dans lequel il nous a fait plonger dans l’univers de la symbiose entre les données et le sport du ballon ovale. L’initiative, qui doit beaucoup à Fabien Galthié, le sélectionneur de l’équipe de France, est un ballet d’algorithmes, d’apprentissage machine et de science des données, tous dans un scrum avec pour objectif de propulser notre équipe nationale vers des sommets inexplorés.

Les données, provenant aussi bien de ballons connectés, implantés de puces informatiques, que des équipements GPS des joueurs, sont ingérées par la plateforme SAS Viya. Cette dernière traite, analyse et produit des insights qui ne sont pas simplement des statistiques, mais des outils stratégiques affutés que le staff technique utilise pour sculpter les tactiques du XV de France, du choix des joueurs à la stratégie de match.

Pensons-nous aux touches, aux essais, et aux mêlées sous l’angle des données ? Chaieb nous guide à travers ce paysage numérique où chaque aspect du jeu est quantifié, analysé et optimisé. Les modèles prédictifs de l’IA scrutent les données historiques, dissèquent les performances des joueurs et prévoient des scénarios de jeu, offrant ainsi un avantage concurrentiel et une profondeur stratégique inégalée.

Dans ce contexte, comment la synergie entre la prouesse athlétique et l’analyse algorithmique façonnera-t-elle le face-à-face tendu entre le XV de France et les redoutables Springboks ? Peut-on imaginer que l’IA devienne le talonneur invisible qui propulse l’équipe vers la victoire ?

Explorez avec nous cet univers où les neurones artificiels se mêlent à la stratégie rugbystique, et où chaque plaquage, drop et pénalité est informé par le puissant moteur de l’IA. Découvrez l’intégralité de l’entretien et plongez-vous dans notre dossier dédié pour comprendre comment la technologie pourrait bien devenir le prochain facteur X sur le terrain du sport mondial.



Transcription de l’interview:

Le projet avec la Fédération française de rugby a commencé il y a maintenant deux ans et demi. C’était une initiative de Fabien Galthié, le sélectionneur de l’équipe de France. On est vraiment en collaboration étroite avec le staff du quinze de France, avec les analystes et le data scientist de la Fédération française.

SAS est partenaire officiel de la Fédération française de rugby, donc nous sommes fournisseur officiel sur l’amélioration de la performance des équipes de France de rugby, et en particulier le quinze de France.

Ce qu’on fait, c’est qu’on a accès à plein d’informations sur tout ce qui se passe dans un match. Plein de données collectées aussi sur les GPS des joueurs. Les données du ballon connecté et toutes ces données là, on va les utiliser pour permettre aux entraîneurs et aux coachs d’avoir une meilleure prise de décision en ayant le maximum d’informations sur ce qui se passe dans le match.

Par exemple, analyser des parties précises, des secteurs précis d’un match de rugby. Par exemple : on va prendre la touche, on va analyser l’adversaire pour voir comment on fera un plus pour pouvoir gagner les matchs.

Donc on va faire ça finalement sur différents aspects de match. Et donc on met à disposition du staff neuf modules d’analyse qui leur permettent finalement d’avoir cette meilleure prise de décision.

Comment se passe la collecte des données et comment y accédez vous ?

Il y a une citation que j’aime bien, c’est qu’on ne peut pas améliorer ce qu’on ne mesure pas. On a besoin d’accéder à beaucoup d’informations. Il y a des analystes du quinze de France qui codent tout ce qui se passe dans un match. Les touches, les jeux au pied, les mêlées, les réceptions, donc tout ça, on va avoir action, joueurs, position dans le terrain à chaque instant du match. Puis on va prendre là, quatre ans à cinq ans d’historique des données sur toutes les équipes du monde et on va rajouter à ça les données GPS.

Donc les joueurs ont des GPS sur leur dos et ça finalement c’est des données tierces. On a dix informations par seconde pour chaque joueur, qu’on va combiner aussi avec des données de ballons connectés. Ils jouent aussi avec des ballons intelligents, avec une puce à l’intérieur qui permet aussi de collecter une information comme la longueur de la passe, la vitesse de la passe, quand on tire au but, la distance par rapport aux poteaux.

Grâce à notre solution SAS Viya, ça nous permet finalement d’ingérer cette quantité énorme de données et finalement de générer des analyses et des synthèses finalement, sur les équipes qui permettent au coach de vraiment décortiquer l’adversaire pour avoir le plus qui va faire la différence pendant le match.

Comment se passe la collaboration avec la Fédération Française de Rugby ?

Ils ont des analyses précises qu’ils veulent faire sur l’équipe de France ou sur ses adversaires et on travaille avec eux. Ils nous expliquent un peu leurs besoins.

On passe du temps aussi avec les entraîneurs qui nous expliquent un peu les enjeux et grâce à ça, on va prendre un peu de temps de développement pour proposer des solutions, des réponses. Et après on va itérer pour avoir finalement l’écran qui leur permet finalement d’avoir accès le plus rapidement possible à leurs réponses.

Qu’en est-il de la composition des équipes ?

Alors on travaille aussi sur cet aspect de composition des équipes. Un module qui est cher à Fabien Galthié d’ailleurs, qui s’appelle l’expérience collective. L’objectif de Fabien Galthié dès le départ de son mandat, c’est avoir pour la Coupe du monde une équipe avec 27 ans de moyenne d’âge et une trentaine de sélections.

On a un module qui permet en fait de quantifier à quel point l’équipe a joué ensemble. Et donc ça, ça permet en fait de sélectionner l’équipe et les joueurs au fur et à mesure des matchs et aussi d’avoir une sorte de suivi sur à quel point finalement, l’équipe a joué ensemble.

Quel est votre pronostic pour la coupe du monde ?

Je suis data scientist, je planche dans les données de rugby, mais je n’aime pas m’avancer sur des pronostics. J’espère du fond de mon cœur que l’équipe de France va gagner. Même si avec les différentes blessures qu’on a en ce moment, ça se complique. On a des chances de gagner cette Coupe du monde mais aussi une incertitude. Mais c’est ce qui fait la beauté du sport au final !

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