Mistral AI et Microsoft, un partenariat scruté par la Commission européenne

Lundi dernier, Mistral AI dévoilait Mistral Large, lançait “Le Chat” un assistant conversationnel et, dans la foulée, annonçait un partenariat de distribution avec Microsoft. Ces annonces ont suscité de nombreuses réactions : alors que certains y voient un abandon de l’open source, d’autres craignent de voir s’envoler l’espoir d’un champion européen de l’IA générative indépendant. La Commission européenne a décidé d’examiner le partenariat.

Mistral Large est le troisième LLM présenté par Mistral AI et devient son modèle phare après Mistral 7B et Mixtral 8x7B. Dans le cadre du partenariat avec Microsoft, le modèle, également accessible via la Plateforme, l’API de Mistral AI, va rejoindre Mistral 7B dans le catalogue de modèles Azure AI, accessible via Azure AI Studio et Azure Machine Learning, en tant que Models-as-a-Service (MaaS). Il y sera une alternative aux modèles d’OpenAI.

Les deux partenaires dans leurs annonces respectives n’avaient pas évoqué l’investissement de 15 millions d’euros de Microsoft, venu s’ajouter à la levée de fonds de décembre dernier de 385 millions de Mistral AI, qui l’avait valorisée à environ 2 milliards de dollars, la faisant passer au statut de licorne sept mois après sa création. Ce financement devrait être transformé en actions lors de la prochaine levée de fonds de la start-up sur la base de cette valorisation, Microsoft détiendra alors moins de 1% des actions de Mistral AI.

Un partenariat controversé

Lors d’une réunion du Conseil Européen le 9 novembre dernier, la France, l’Allemagne et l’Italie se sont opposés à une règlementation des modèles de fondation, privilégiant l’autorégulation de leurs fournisseurs et faisant porter la responsabilité à ceux qui les utilisent pour leurs applications spécifiques. D’âpres négociations ont suivi et en décembre dernier, les négociateurs du Parlement européen et du Conseil annonçaient à être parvenus à un accord provisoire sur l’AI Act.

Les législateurs ont entendu les revendications des défenseurs de l’open source comme Mistral AI et Alpha Alpha puisque leurs modèles ne sont pas soumis à d’application du règlement, sauf s’ils présentent un risque élevé ou sont utilisés à des fins interdites, comme les manipulations.

Jean-Noël Barrot tweetait alors :

“Nous allons analyser attentivement le compromis trouvé aujourd’hui et nous assurer dans les prochaines semaines que le texte préserve la capacité de l’Europe à développer ses propres technologies d’intelligence artificielle et préserve son autonomie stratégique”

Si, pour certains acteurs de l’IA, bien qu’ils travaillent depuis 2021 sur la réglementation, les législateurs se sont précipités pour aboutir à un accord, une partie de ces derniers se sentent aujourd’hui trahis par le partenariat.

Preuve en est les déclarations de Kai Zenner, chef de cabinet et conseiller en politique numérique pour Axel Voss, un député européen du Parti populaire européen (PPE) à Euronews Next :

“Sur le plan technique et politique au Parlement européen, nous sommes extrêmement furieux parce que le gouvernement français a pendant des mois avancé l’argument du leadership européen, signifiant que ces entreprises devraient pouvoir se développer sans l’aide des entreprises chinoises ou américaines. Il a toujours accusé le Parlement de rendre cela quasi impossible pour ces champions nationaux et licornes d’essayer de concurrencer leurs concurrents mondiaux”.

Selon lui, Mistral AI avait mis en avant qu’une réglementation contraignante pourrait le contraindre de coopérer avec des entreprises comme Microsoft.

“Maintenant, ils ont obtenu tout ce qu’ils voulaient, et ils le font quand même, et je trouve cela tout simplement ridicule.” 

Mistral AI se défend d’abandonner l’open source et son indépendance. Arthur Mensch, l’un de ses cofondateurs, clarifie la position de la start-up sur X :

“Nous sommes toujours engagés à être à la pointe des modèles de poids ouvert ! Nous vous demandons un peu de patience, car les 1 500 H100 ne nous ont permis d’aller que jusqu’ici… Microsoft a investi dans une petite note convertible aux côtés de nombreuses autres entreprises, en tant que partenaire de distribution. Nous sommes une entreprise européenne indépendante avec des ambitions mondiales, et cela ne changera pas”.

La Commission européenne a néanmoins décidé d’examiner le partenariat comme elle le fait actuellement pour celui de Microsoft et OpenAI.

La mainmise des grandes entreprises du secteur technologique sur le marché de l’IA générative.

La Federal Trade Commission enquête sur les investissements et les partenariats récents impliquant Alphabet (maison mère de Google), Amazon, Microsoft et deux des leaders de l’IA générative, OpenAI et Anthropic, deux leaders de l’IA générative : le succès de ChatGPT a incité Microsoft à investir massivement dans OpenAI tandis qu’Anthropic a reçu d’importants investissements de Google et Amazon.

En France, l’Autorité de la concurrence a décidé de “s’autosaisir pour avis” car elle estime que “les grands acteurs numériques qui contrôlent déjà des intrants clés ou des marchés adjacents, pourraient être incités à mettre en œuvre des pratiques visant à consolider leur pouvoir de marché actuel à l’amont de la chaîne de valeur de l’IA générative, ou à tirer parti de ce dernier, pour se développer dans ce secteur en plein essor”. 

Tout comme la FTC, elle s’intéresse aux investissements et partenariats récents impliquant des entreprises d’IA générative et d’importants fournisseurs de services cloud. Elle a d’ailleurs rendu un avis en juin dernier sur le fonctionnement concurrentiel du secteur du cloud, soulignant qu’Amazon Web Services (AWS), Google Cloud Platform et Microsoft Azure avaient capté à eux trois 80 % de la croissance des dépenses en infrastructures et applications de services cloud public en France en 2021.

Outre ces investissements, l’Autorité de la Concurrence s’intéressera également “aux pratiques mises en œuvre par les acteurs déjà présents sur l’infrastructure cloud et aux problématiques liées à l’accès à ces infrastructures, aux données et à une main d’œuvre qualifiée”.

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